Commentaires et critiques



       

  (Jean Breton)

 

 

       

Note de Jean Breton sur «Le Miel dans le Mal» datée du 15 décembre 1976.

       

« Il y a ici une prise de possession du monde à la fois par une culture subtile et toutefois approfondie, et par un débridé, un délire qui doit à la lancée automatique, à ses trouvailles un peu hagardes.
« Le poète parfois obscurcit à dessein….le dessin de son itinéraire, joue sur les mots, les lieux, les majuscules, des litanies qui jettent étonnement ou terreur. C’est un baroque, il a parfois des ailes précieuses. À un certain moment même, nous nous trouvons dans un Arcimboldo dont la cartographie tiendrait de différents règnes: cosmique, animal, végétal, industriel et humain à la fois.
« Une puissante frénésie verbale anime nombre de ces pages(surtout
«Comme un axe, comme un métal»); elle est riche « de merveilles, d’inventions’(« Cap sur la Dame. Bock!...Me vêtements me précèdent, me devancent»). Le poète se risque dans un dédale d’un quitte-ou –double: « pour une nouvelle architecture du danger». Il veut mesurer «sa distance du soleil». Merveilleuse définition de la poésie!
« Puis, il tente frénétiquement de faire parler l’obscur en lui, comme un prêtre quêtant l’oracle: « Fou je suis et non pas Nom!» L’automatisme aboutit à des formules comme celle-ci: « Le Créateur…sort des canons d’asperges au début de la liberté».
« Si parfois on trouve certains fragments un peu gratuits dans l’hallucination, très souvent on est conquis par l’étrangeté et le côté acéré de la vision. Aussi, par ce cri pour la cessation de la violence
(« Fecit potentiam») quand l’érotisme, ça et là, rend un son androgyne
ou d’humour noir.»