Commentaires et critiques



       

  (Michel Cosem)

 

 

       

Préface de Michel Cosem à « Calèches d’azur ».
Editions associatives Clapas. Décembre 1999.

       

Théo Crassas joue avec la démesure et dans le maëlstrom où l’emporte le langage, nous retrouvons toujours une figure connue.
L’amour en tous cas vient boire ici à la culture comme un lion dans un jardin d’Orient.

       

 

       

Postface de Michel Cosem à Islam.
Encres vives. Collection Encres blanches.
Novembre 2004

       

Théo Crassas est à la fois aède, rhapsode, chantre, barde et troubadour, tout en étant parfaitement moderne.

       

 

       

Le Flot des mythes par Michel Cosem

Article paru dans le numéro spécial consacré par Encres Vives à Théo Crassas. 272ème Encres Vives. Avril 2001

       

Il y a chez Théo Crassas cette volonté indomptable de vouloir faire aller les mots en rangs serrés vers le mythe. Ce mythe est constitué d’un flot de réminiscences culturelles, de constatation concrète, de compilations diverses et simplement de liberté de l’homme, dès l’instant où la porte du lyrisme est ouverte et que nul ne veut en contenir la force ni la filtrer.
On peut s’attendre à tout, dès l’instant où le poète est lancé dans sa recherche, dans sa propre logique, dans l’excès qui est aussi une manière d’amplifier le chant, de rendre plus présent ce chant et de lui faire franchir bien des obstacles.
C’est ce que l’on peut reprocher(et que l’on reproche) à Crassas, car une telle accumulation d’images ou de références qui peuvent surprendre, surtout dans le cadre de la poésie actuelle qui est vouée plutôt à l’économie. Il avance au contraire dans l’inflation, l’exagération et c’est justement ce qui finit par l’imposer.
On ne sait plus ni où il commence ni où il s’arrête. C’est ce flot, ce fleuve de langage qui m’intéresse. Dans la poésie d’aujourd’hui, cette voix brusquement est venue faire craquer des barrages et dire en toute liberté des fantasmes, des futilités, de grandes vérités.
Crassas parle de l’Occitanie souvent et elle a une part importante dans la formation de sa sensibilité. Qu’il me soit permis de dire que j’imagine un peu les troubadours(je pense surtout à Pierre Vidal) pareils à lui, jetant avec la violence des idées des images éparpillées à qui veut les prendre sur l’instant. Certes, on peut me rétorquer que le temps des troubadours est passé, mais cette voix est là pour nous rappeler que le lyrisme n’est mort et que les métaphores,
même les exagérées, sont d’étranges joyaux dont nous serions bien pusillanimes de nous en passer.
Que cette voix aussi vienne de la périphérie de notre poésie nationale, n’est pas non plus sans importance. Elle nous ouvre à d’autres sphères d’inspiration. Francophone qui plus est, elle nous interroge sur nos inhibitions, nos timidités, car ce que propose Crassas, est une fête sans mesure du langage et du savoir.
Cette poésie ouvre aussi un autre espace:elle fait le lien entre l’Orient et l’Occident, non pas par les origines géographiques du poète, mais par les thèmes qu’il met en jeu et l’histoire qu’il évoque.
Je voudrais déterminer quelques thématiques sans pour autant apporter des explications: on y
trouve les pays du Sud et les imaginaires qu’ils font naître, la femme liée à cet imaginaire et à cette culture, l’univers nommé comme dans un théâtre classique.
Ces thèmes, Crassas, en grand organisateur, les fait jouer dans chaque poème comme le ferait un réalisateur dans une super-production. On doit s’attendre à chaque moment à des découvertes, parfois excessives, toujours assumées, qui forment le fondement même de cette poésie qu’on ne peut voir autrement.
Inutile de demander à Crassas ce qu’il ne peut pas être, et c’est tant mieux.