Commentaires et critiques



       

  (Pau Bassol)

 

 

       

Article de Pau Bassol paru en septembre 2009 dans la revue MISSIVES

       

Dans La Majestueuse Inconnue, son dernier recueil, Theo Crassas nous offre une nouvelle occasion de nier l’opposition entre humain et divin : un rapprochement qui peut paraître inattendu à nos esprits corrompus par plus d’un siècle d’athéisme. Mais c’est en grec revenu aux Dionysies de ses ancêtres, qu’il nous convie à ce nouvel hymne à la femme, à sa chair « qui possède toutes les armes de séduction ».

Avec les images splendides de « La Flûte à Sept Trous » et du « Grillon de Juillet », le poète montre sa passion virile pour le corps féminin célébré dans toute son oeuvre lyrique. « La goutte de violettes » raconte et remonte ce corps depuis le pubis et la croupe, jusqu’aux yeux aux prunelles de gazelle, en passant par :

les hanches au parfum de violettes,
blanches comme le camphre.

Longtemps avilie, méprisée, jugée dangereuse et corruptrice par le christianisme, la chair devient chez Théo Crassas un moyen d’élaboration du divin dont, dans « La Majestueuse Inconnue » qui donne son titre au recueil, on saisit l’harmonie que l’Orient a porté jadis à son paroxysme dans une civilisation où la femme tenait un rôle essentiel.

Dans « L’Extraordinaire Étrangère », le poète retourne aux légendes de son pays, lorsqu’il écrit que l’étrangère porte autour de son cou, les sept Pléiades, images sans doute des sept filles d’Atlas et de Pléioné que Zeus changea en colombes pour les soustraire au géant Orion. Elles sont devenues dans l’histoire littéraire le nom de groupes de poètes à diverses époques.

Dans ce dernier poème, Theo Crassas nous offre encore des images saisissantes du corps féminin :

sa croupe arrondie
montée sur un alezan
se confond avec la croupe fauve
de sa jument…
Les cuisses vaillantes
sont des colonnes du temple solaire
de Thèbes l’Égyptienne

La vie reconquise par le poète contre la ruse de la foi chrétienne, prête son énergie à ces textes dont l’exaltation va jusqu’à l’ivresse d’une adoration du pays de l’amour :

où les nuits sont plus claires
et plus illuminées que le jour

car la terre est féconde dans ce pays
où l’homme justifie son désir et sa foi qu’il a créées autrefois pour glorifier sans honte les faveurs et les jouissances qu’elles procurent.

       

Paul Basso

Éditions Encres Vives.
2, allée des Allobroges.31770 Colomiers