Commentaires et critiques



       

  (Armand Olivennes)

 

 

       

Toujours cette subtile, et subtilement dosée, alliance de Cantique de Cantiques, d'hymne à la Princesse Lointaine et d'incantation homérique à Déméter.

Oui, c'est à une Déméter d'aujourd'hui, changeante et semi-divine qu'on songe en lisant les célébrations mystiques de Théo Crassas, ses louanges solennelles ses adorations peut-être païennes, au ton un peu anacréontique et son exaltation de l'imaginaire.

       

 

       

Lettre d’Armand Olivennes datée du 14 décembre 1999.

       

Cher Théo Crassas,

Soyez remercié pour l’attention que vous avez eue de m’envoyer
votre plus récent recueil(Savanes de zèbres. Editions Encres Vives) et je vous félicite pour la qualité de ce recueil. Vous êtes d’une fécondité digne d’admiration et l’éloquence de votre lyrique est portée à une sorte de quintessence. Tantôt vos images ont la grâce du Cantique des cantiques et tantôt elle ont un accent pré-socratique, pythagoricien même, nous suggérant un phénomène léthal, mais bienfaisant sur le plan spirituel, une autre vie de l’esprit sous une autre forme, à la seule condition que le premier corps humain ait subi intégralement le processus anéantissant de la mort.
Vos poèmes condensent beaucoup d’expériences culturelles et psychosomatiques en eux. Ils redonnent une grande ardeur contemporaine à ce qui semblait déjà figé dans le Passé. Et leur ton hymnique, apparemment simple, recèle, en réalité, une active pulsation de la conscience, désolée dans toutes les récoltes de son altruisme. Vous restez donc aujourd’hui, le témoin incomparable
d’un cérémonial pathétique d’adoption en commun de la pure Négativité.

       

 

       

Lettre d’Armand Olivennes à Théo Crassas
datée du 12 mai 1999

       

Cher poète,

J’ai bien reçu votre recueil « Archipels de coquelicots ». Je vous en remercie ainsi que de votre aimable dédicace.
Le titre de votre ouvrage est, à lui seul, un poème. Il est comme une enluminure sur une véritable cosmogonie verbale dans son écrin.
Quel lyrisme! Quel geyser d’images, d’idées, de nébulisations, s’épanchant d’un centre de gravité palpitant vers l’infini universel et, de cet infini universel, revenant à son infime palpitation!
Vos poèmes seraient des palais de mémoire, comme le dit si joliment Francesca Caroutch, s’ils se trouvaient sur terre, mais ils sont dans une étoile lointaine dont le scintillement ne nous dit pas si elle existe encore ou si elle a explosé. Je dirai, moi, que vos poèmes sont des palais de mémoire dans une étoile inconnue.
On en conçoit la réalité par sensations successives, conjectures, raisonnements intuitifs. Votre œuvre serait un « Cantique des cantiques» si votre Désir, et même votre Rêve, n’étaient imaginaires, comme est imaginaire
l’existence de votre âme. Le monde est votre projection, il est infini, multiple, adorable, superbe, extatique, paysager, etc., comme vous
l’êtes en toute spiritualité et en pure divination.
Vos mots-miroirs créent une lumière. C’est une lumière de miroir où apparaît comme probabilité existentielle ce qui cache sa nature de reflet. Le soupir est un modèle sans modèle.
Il est inépuisable et exténué avant de s’épancher. Il est inépuisable de ressemblance avec l’absence proclamable et à proclamer. Apollinaire n’est peut-être pas loin, mais il faut corriger son postulat: l’enchanté est enchanteur!
Et vous chantez cet enchantement dans le miroir où votre parole est un objet de reflet!

       

Armand Olivennes