À Une Turque Sauvage


Ô ma Turque sauvage,
ô cadine dont les regards
ont longtemps macéré
dans le vin solaire,
ô démone dont les prunelles sont
des poignards d'acier bleu
et des flèches
enduites de feu grégeois,
ô houria dont la vulve est
une cassolette ardente
et le paradis même d'Allah,
pareil à un jardin de palmes et de myrtes,
sois toute aux Croyants
à qui tu appartiens de droit,
comme le Top-Kapi est au sultan
et le sérail d'Ispahan aux rois Sophis,
successeurs de Chah Abbas,
et dont l'âme est en vieil or
et en argent ciselé!


Sois l'ombre d'une ruelle de Stamboul,
rafraîchissant les yeux
des hommes au coeur d'amour,
à la patience de martyrs
et à la bouche remplie de roses roses!


Sois la jeune femme
à la croupe d'Anatolie
et au sein d'Ionie!



Sois une fille de Cybèle la Phrygienne,
épandue sur un tigre odorant!


Sois la Croyante
dont la prière suit les volutes
du chant des muezzins
et s'élève des deux rives du Bosphore
vers l'Eden Céleste!


RUELLES DE STAMBOUL

RECUEIL INEDIT. SEPTEMBRE 2004