La Houria Terrestre
Le haut-relief en albâtre rose
de ta croupe que je pressens
à travers ton pantalon moulant
en taffetas persan
brodé de planètes et de soleils,
m'enchante outre mesure
et me fait rouler
comme une boule de fraîches topazes
dans la terre anatolienne,
reliée au ciel par le fin pont d'amour
de ton esprit de déesse incarnée,
insufflant son Verbe
dans mon coeur de poète vaticinateur
et imposant sa loi à ma raison
de prophète iranien
et de législateur indien
au service de ton éternité!
Comme Zarathoustra,
je parcours le vaste monde
plongé dans les ténèbres,
possédé par ton génie
enlacé à mon âme
comme un rosier embaumé de Mai,
brûlant tout entier
du plus pur chant de rossignol
qui ait été jamais donné d'entendre
à un rosier amoureux!
Ô toi, houria terrestre
et djinnia souterraine,
ne m'accable pas de ta beauté
et laisse-moi me dresser
à nouveau sur mes pieds,
après la longue beuverie
en ta compagnie enivrante,
afin que je compose
l'hymne souverain et définitif
en hommage au doux vertige
que tu me verses
comme un vin muscat
dans ma coupe de marbre!
RUELLES DE STAMBOUL
RECUEIL INEDIT. SEPTEMBRE 2004