À l'Infante


Dulcissime est l'arc de rossignols
de tes sourcils,
sous la voûte enchantée
de ta tête,
d'où tu te déverses
comme un rayon de lumière
célestielle
dans un patio de Grenade,
au sol de pierre
et d'émeraudes,
aux orangers se balançant
ainsi qu'un cocon d'empire,
fiers de leurs fruits
d'or!


Dans cette pierre,
dans ces émeraudes,
s'enracine le rosier persistant
de ta croupe langoureuse, royale
et glorieuse,
d'où tu t'élèves
comme une action de grâces
à Vénus!


Dans ta mer de Malaga
chantent tes désirs,
ainsi que des navires d'un blanc
nuptial,
chargés de nuées
rares!


Ils attendent,
couronnés de myrtes
et écarquillés
comme des yeux patients
de Vierge espagnole,
la merveilleuse nuit
d'été,
où ton ventre s'unira
aux météores innombrables,
en une fulgurance
jupitérienne!


Car, depuis toujours,
ô belle Infante
à l'âme unique,
tu as attendu
ce prince triste
qui te prendra dans ses bras
libertaires
et te fera sacrer
Reine auguste
de la Terre divine!


LARMES DE NENUPHAR

PRESSES SAINT-PAUL. AVRIL 1999