À Une Andalouse


Les flammes des épis
d'Al Andalous
m'assaillent
comme le feu
la neige pure de la sierra Nevada
et m'assiègent
ainsi que des combattants et combattantes
berbères
et m'encerclent dans le refuge
de mon orgueil castillan!


Un débat terrible
se livre alors en moi!
Dois-je prêter l'oreille,
malgré Homère,
au chant des sirènes,
rêve de tout marin?


Dois-je écouter le souvenir
de la chaleur solsticiale
d'Al-Djazaïr,
quand tu m'offrais
tes baisers?


Dois-je être le matador
qui s'aspergera du sang du taureau
comme en un sacrifice à Mithra?


Dois-je être le taureau
qui s'enivrera des mouvements
de la muleta
comme de la couleur écarlate
de son Désir?


Dois-je être le Grand Spirituel
qui dira oui
à l'Espagnole aux grands yeux
de la Didon de Carthage,
aux pendeloques longues
de la Mélitta de Babylone,
aux castagnettes de la Cybèle
phrygienne?


Dois-je être l'Orphée
qui se rendra
comme une citadelle d'arrogance
aux avances de la Femme
à la croupe large comme une église,
au sexe battant à grands coups de coeur,
aux cuisses comme des piliers indiens,
aux ovaires fertiles?


Dois-je laisser frémir
mon Immuabilité
par le vent du Changement
et du Devenir?


Ma réponse à moi-même
ne tardera pas!
Oui, je donnerai ma semence
à la Terre féconde!
Oui, je me déshabillerai
devant la Lune nue!


Oui, je chanterai ma Bien-Aimée
comme un Rossignol sur la plus haute
branche!


Oui, je serai la Fleur-Lumière
sous le Soleil d'Or!


PAROLES DE LUNE

RECUEIL INEDIT