À Une Arabe


Tu es la mère apocryphe
et douloureuse
de l'amour!


Tes yeux clos
contemplent en eux-mêmes
l'icône de l'amant,
rayonnant des rubis
de tes lèvres entr'ouvertes,
où perle
la rosée de tes narcisses
et de l'ardeur alexandrine
de ton sein,
où, poisson rouge,
nage ton coeur
comme en un aquarium
ornant l'appartement
d'une reine!


Car ta gorge
d'albâtre égyptien
est l'Arabie païenne
en son élan de plénitude,
à la veille de sa conversion
à la doctrine mohammadienne!


Le monde est large,
des contrées immenses
rêvent d'amour!

Or, à l'image de l'Arabie
de ces temps de Pré-Révélation,
tu te sens
brûler d'une flamme
qui se veut
brisement des antinomies,
résolution des contraires,
synthèse supérieure,
alchimique fusion,
en vue de l'obtention
de l'or du verbe!


Byzantins et Perses
se livrent une guerre
sans merci,
vains sont les triomphes
de Chosroês,
le faussement glorieux,
Héraclius se défend bien!
L'antique Rome
est orpheline
de sa passion passée!


Or, tu offres
à l'humanité épuisée
la passion d'une mère
pour son enfant,
d'une femme pour son homme!


Tu es voulue, désirée
et cherchée
de par l'univers
en jachère!


Tes mamelles
et tes fesses
ont soif et faim
de conquêtes
qui, plus tard,
t'apprendront
à faire la guerre
pour l'esprit,
pour l'intellect,
en te transformant
en pure lumière archangélique!


Sois l'Arabie de mon âme
qui, à l'instar
du prince-pasteur Madjnoun
appelant Layla,
son astre d'Août,
te cherche
à travers le désert blond
et ne te trouve
que dans l'Yémen,
où s'épanouissent
les jardins fameux
du Marib,
cet Eden!


AVIRONS D'IVRESSE

RECUEIL INEDIT