Eloge De L'Islam


Sur l'albâtre diaphane de ton ventre
est écrite en caractères coufiques d'or
la profession de foi
des femmes musulmanes:
Allah le Clément,
le Miséricordieux!


Oui, je crois en ta clémence,
car elle vient du Très-Haut!
Et je tire toutes mes espérances
de ta miséricorde,
puisque tu m'as déjà fait
l'aumône de ton regard,
doux comme une hirondelle
dans le ciel d'Irak,
et insinuant comme un poème soufi,
et merveilleux comme un conte
où il est question
de la célèbre princesse Boudour!


Ô toi, qui as reçu tous les dons
et toutes les qualités
du Bienfaiteur des êtres supérieurs,
laisse-moi me délecter de ton derrière,
gras comme la générosité arabe,
torrentueux comme l'ivresse persane,
souverain comme la volupté turque,
et fantasmagorique comme un rêve
de pleine lune indienne!


C'est que ta chair est
plus délicieuse qu'un loukoum,
et plus suave que l'étude de l'algèbre
et que l'écriture poétique!


En d'autre temps
et en d'autres lieux,
loin, très loin, des pays chrétiens,
si cruels, et où l'âme du monde
se manifeste avec une notoire avarice,
je serais un pacha,
dont le harem ne serait habité
que d'adolescentes de toutes les contrées
de Machrek et de Maghreb,
choisies d'après leur dévotion
et la grandeur de leur croupe!


Et dans mon palais de marbre poli,
il n'y aurait, de jour comme de nuit,
que des prières, suivies de copulations,
elles-mêmes suivies
d'autres prières et ainsi de suite!


Mon harem serait
un couvent de donzelles
aussi charmantes que charitables,
et un nid de vierges bagdadies,
cairotes, damascènes,
chirazies, ispahanies,
kairouanes, algéroises,
fassies et marrakchies!


Ce que je sens ton Dieu,
ton Allah,
m'envelopper de ses ailes nacrées
d'aigle géant, mais point effroyable,
de ses ailes lactées
comme des pierres de lune
et comme tes épaules toutes rondes
qui couronnent tes bras
nourris des sources du Nil!


Car, ce n'est que maintenant
que je comprends le Dieu des musulmans,
cet Allah puissant et doux
avec toutes les créatures,
tendre et infini,
d'une tendresse d'agneau
dans le ventre de la mère
et d'un infini amour,
offert sans compter!


Je suis même enclin à croire
que toute femme
qui a de belles manières
et est cordiale, amène, affable,
hospitalière et noble,
naît musulmane,
ou appartient, à son insu,
et de droit légitime,
à la religion du Prophète!


L'Islam, ce n'est que l'âme,
l'âme dans toute sa profondeur insondable,
l'âme qui baigne
dans la lumière de l'aurore
et dans les rais du soleil de l'Orient!


L'Islam, c'est l'eau fraîche
qui désaltère de leur fièvre
les amoureux,
c'est le sorbet à la rose
que l'on boit sous les palmes,
c'est un thé à la menthe
que l'on sirote au souk des esclaves,
où le plus beau marchand
n'est autre que Rimbaud,
et le cheik le plus fameux,
Mohammed en personne!


En vérité, est musulman,
tout homme qui, une fois au moins,
a été amené à s'écrier:
« Il n'y a de puissance qu'en Lui»,
ou «Allah Akbar!»


Est musulmane toute amoureuse
qui a les yeux soyeux
comme les nuits d'été au Caire,
qui a le parfum
d'une pêche d'Oman,
et qui est suave à l'intérieur
comme un myrte de Damas!


ISLAM

EDITIONS ENCRES VIVES. NOVEMBRE 2004