De La Guerre Et De L'Amour Saintes


Il ne faut guère
recourir à la guerre sainte
que pour se défendre,
et il ne faut point
pratiquer l'amour sacrée
que pour percer
les mystères de la lune,
souveraine de nos marées,
et pour aimer à la façon
de notre sultan le soleil
qui baigne de sa seigneuriale lumière,
ses amantes les houris!


Car aimer, c'est se dilater
jusqu'à comprendre la terre
et ses fruits et ses heures,
et c'est adorer le Temps-Dieu
et le monde, oeuvre d'Allah!


Aimer, c'est avoir
pour jour de fête
le vendredi, jour de Vénus,
où la rosée est abondante,
où les grains sont à point
et les cerises mûres,
et où les abricots embaument
dans les vergers de Damas!


C'est le jour
où les ruisseaux du Liban
sont aussi frais
que les fesses des adolescentes,
livrées, comme des roses épanouies,
aux jeux délicieux
des abeilles langoureuses,
des papillons lascifs,
des anges ivres
et des archanges au glaive du triomphe
coupant, en un clin d'oeil,
en deux, les zizanies
qui empoisonnent l'âme
des jeunes femmes,
ainsi que des cobras
à la morsure mortelle!


Car mordre au coeur
une jeune fille,
c'est succomber au péché
de blasphème contre la vie,
péché puni sévèrement
par les génies bénins,
convoyeurs de la parole d'Allah!


C'est que dans les prunelles,
allongées au kohl noir,
d'une adolescente,
on peut lire
la lutte de l'ange avec le démon,
semblable à la lutte
de l'aigle avec le lion!


Et si les musulmanes
sont voilées,
c'est afin d'éviter, à leur âme suave,
le mauvais oeil
ou une rencontre calamiteuse
qui emplirait leur esprit,
délicat et pur,
des effluves de la mer de Satan
qui est la matérialisation
de la bêtise infinie,
comme le Mal
engendré par la violence des astres,
inhérente au firmament
où tournent les sphères
de par le morcellement de l'Être!


ISLAM

EDITIONS ENCRES VIVES. NOVEMBRE 2004