L'Aoud De La Langueur
Je me laisse aller au rythme béni
des pigeons blancs de tes fesses
pareilles à un ruisseau écumant
dont les rives fournissent
le roseau de la flûte
où tu souffles ton désir,
répondant à l'aoud de ma langueur!
Et je me délecte de ton âme
pareille à une nappe
étendue à perte de vue
sur la table immense
où sont disposés les mets du paradis
avec les carafes d'eau de neige olympienne
et les flacons de vin vieux de Chiraz!
Ton coeur est un rubis
au cou d'une sultane
entourée de ses esclaves
et qui règne sur une mer de sang
où circulent les poissons
aux couleurs audacieuses
de l'océan Indien,
au milieu des coquillages de perles!
Ô dragonne blanche de Chine,
ô lionne fauve de Meknès,
ô jument noire d'Arabie,
tu es la rivière
où je me jette
afin de me désaltérer
d'eau douce,
de celle même qui coule de ta bouche
dont les dents sont claires
comme le camphre!
Ô vierge Aleppine,
ô jouvencelle Damasquine,
ô jeunette Beyrouthine,
je voudrais m'abreuver
dans la citerne merveilleuse
de ta vulve
où roule l'onde d'Allah
au goût délicieux,
remède à tous les maux
et panacée de tous les chagrins,
car elle porte bonheur
à ceux qui en font essai,
chasse loin de l'esprit
la frustration causée par la féminine absence,
et accorde la félicité
d'un séjour sous les palmes en été,
dans le vent du nord
qui apporte les souffles
de la bienheureuse Damas!
Et je pénétrerai dans ton fondement
sur un coursier frais du Marib,
et alors un aigle joyeux surviendra
qui livrera nos coeurs
en pâture à la lune d'Août!
L'AOUD DE LA LANGUEUR
RECUEIL INEDIT. JUIN 2004