Sang De Tulipe
Tu es le paon qui m'emporte
vers les tentes d'hyacinthe,
où il fait bon boire le vin,
après avoir encensé la coupe
comme les Alaouites!
Tu es la plus légère
des montures célestes,
celle même qui élève
la déesse de l'amour dans les airs,
au-delà des miasmes,
dans la région du pur éther!
Tu es la blanche nue
qui concentre les cygnes de la pensée
ayant leur nid dans les grottes
aux images pieuses,
d'où ils s'envolent
pour l'empire du firmament,
où les attend un trône d'or,
surmonté d'un dais de fleurs de pourpre,
où ils pourront achever
leur long voyage de contemplation,
voire de voyance!
Tu es un poème d'Orfi,
ce merveilleux Chirazi
qui, avec des éclairs,
érigea un monument éternel
à la griserie de l'enthousiasme,
à la soûlerie spirituelle,
à l'ivresse intellectuelle,
et à l'ébriété voluptueuse!
Tu es le sang du ciel
qui coule comme un sang de tulipe
dans mes veines,
et le sang de la vigne
qui remplit le gobelet du calife,
taillé dans les rubis de Ceylan
et les émeraudes d'Egypte!
Et tu es la concubine
au coeur de vin
qu'il faut boire à petites gorgées
jusqu'à l'aube,
les yeux noyés de ton parfum!
Ô toi que l'Empyrée chante,
vois dans cet hymne
le chant d'un rossignol
qui se fait accompagner au luth
par sa Bien-Aimée
à la gorge meurtrie de plaisir!
L'ABRICOT SOLAIRE
RECUEIL INEDIT. JUILLET 2004