L'Abricot Solaire


Je jouis de l'eau fraîche
comme d'une jeune femme
dont le corps serait sans aspérités,
tout en courbes soyeuses,
dont l'âme serait généreuse
et douce comme le miel,
et dont la voix ne serait
ni trop aiguë, ni trop basse,
qui serait suave comme le luth persan!


Car, c'est dans l'eau
que je jouis le mieux
des caresses de la pleine lune
qui baise l'étang où je me baigne,
et, c'est par l'eau que je m'enivre
du beau soleil de la liberté,
que de la grève où je suis couché,
face à l'océan,
je vois se lever l'Orient!


C'est que la pleine lune est l'immortalité,
et, le soleil, l'éternité!


Et quand je te vois flotter
comme un blanc cygne
dans l'eau de la rivière Zenderoud,
je songe à ce vers de Hafiz,
-que bénie soit sa mémoire,
et bienheureux le lieu où il repose:

«Tout homme qui ne vit que par l'amour
ne meurt jamais!»


Et, quand j'aperçois un ramier
qui vole d'une feuille à l'autre
d'un blanc peuplier,
je pense aussitôt à ta taille nue,
si élancée,
et où je contemple une image
de la Grande Déesse d'Anatolie,
et où je lis un hymne d'Allah!


Et de savourer, comme un enfant,
l'abricot solaire que tu m'offris
le jour de notre naissance à l'amour!


L'ABRICOT SOLAIRE

RECUEIL INEDIT. JUILLET 2004