À la Maîtresse Délicieuse


Ô dame des méandres du plaisir,
ô maîtresse du jardin des délices,
ton derrière est une rose si cruelle
qu'elle me consume,
comme la lampe le papillon,
quand elle entr'ouvre ses pétales,
plus doux que les matinées de Juin
en Méditerranée,
et dévoile son calice,
aussi sublime que le ciel du paradis!


Telle est la douleur que tu m'infliges,
que je me brûle les doigts à la cigarette,
afin d'y laisser une marque indélébile
de mon envoûtement par ta délicate personne,
tant fine qu'elle semble
un mirage dans le désert,
surgi du baudelairien abysse!


Laisse-moi caresser
et caresser encore et toujours
ta croupe,
afin que je m'en imbibe
et que je m'en imprègne
comme de l'oliban d'Oman
ou du baume de la Mecque,
deux parfums propices à la détente,
à l'insouciance et à la félicité,
seules valeurs
dans cette vallée de larmes
qu'est la Terre!
Que ta peau est lisse et blanche
comme le lin que l'on porte en été,
après le mois de Mai,
et aussi légère
qu'un vol de colombe blanche
ou qu'un saut d'abeille blonde,
plus suave et transparente
autour de ton sein
sensible au moindre soupçon d'oeillade,
au moindre frôlement,
à la plus imperceptible caresse
venant de la brise de mer!


Prépare, ô belle,
ta vulve à la pénétration bienfaisante
et bénéfique,
purifie-la à la myrrhe
et parfume-la à la gomme arabique,
à la poudre de cannelle,
à la vanille, au sucre
et au musc
ou à l'aloès!


Comme un émir désiré,
je pénétrerai dans ton palanquin,
porté par un dromadaire,
et j'entrerai en toi,
au milieu des salves de passion,
des lignes brisées de la violence cosmique,
des courbes de luxure
et des bains de chaleur
dans ta yoni!


Excuse, ô ma tendre amie,
excuse cette mienne fougue
due à ma longue attente,
à mon éternelle frustration
de martyr de l'amour,
et à mon tempérament
de guerrier de l'esprit
qui est en même temps
un prédicateur érotique!


Parmi toutes les almées
dont j'ai soulevé le voile,
tu es la seule qui porte en évidence
le sceau de l'Islam
dans la fente de son oeil profond
et dans la fente de son vagin
sans fond!


Parmi toutes les fleurs
pour moi écloses,
tu es celle qui a le plus de pétales
et le plus profond calice
où poser tous mes baisers
fulgurants comme des éclairs
sous la lune d'Août!


Et toi, ô douce petite biche de mon âme,
à l'heure de la paix où tout dort,
de me baiser la poitrine,
comme pour me récompenser
des travaux entrepris
et des peines endurées
pour toi,
ô bédouine de mon coeur!


L'ASTRE SOMBRE DE LA MELANCOLIE

RECUEIL INEDIT. NOVEMBRE 2004