Lit D'Albâtre
Tu es la couronne de Byzance
sur mes yeux,
et la tiare de Perse
sur ma tête livrée à la clameur,
au saccage et au pillage d'amour!
C'est que tu es mon Genghis Khan
et mon Tamerlan
réincarnés dans une jeune fille robuste
au cul de soleil,
au visage de lune,
vêtue d'une jupe en velours d'Ispahan,
et portant par-dessous
une culotte de nuages de dentelle
que je désire lui enlever,
afin de copuler avec elle,
car je ne suis à l'aise qu'en elle,
qu'en son orifice de perle perforée!
À l'ombre des voûtes
du caravansérail de Damas,
je mange la grenade de ton coeur
et la pastèque fraîche et suave
de ta croupe vigoureuse et douce,
telle qu'elle s'exhibe
sur les étalages des marchands de fruits,
posée par terre,
dans les ruelles des bourgades syriaques!
Quand je me rends à ton palais
pavé de marbre blanc,
poli et diaphane,
et tendu de tapis de soie
et de tentures de brocart d'or,
je me sens redevenir
l'antique dieu Tammouz,
l'Adôn des Syriens,
l'Adonis des Chypriotes,
et alors, tout s'illumine en moi,
ma raison s'envole,
et je ne songe plus qu'à te monter,
comme une cavale à la croupe de bronze,
qui est pour toi l'outil de ta séduction,
la voie de la magie,
et, pour mon esprit,
l'instrument de l'élévation,
de la lévitation mystique
et de la perfection intellectuelle,
pareille à une mer chaude
en état de calme,
où les soleils miroitent
comme les sphères dans l'infini
et où les lunes glissent
comme des monceaux de satin écarlate!
Et, après t'avoir possédée
et joui de ton derrière,
je me repose sur ton lit d'albâtre,
comme ton maître,
ton vizir, ton roi
et ton sultan!
VOUTES DE CARAVANSERAIL
RECUEIL INEDIT. MAI 2004