À Une Péruvienne


Je suis seul comme la lune
qui baigne les profondeurs de ta hanche
de chants de rossignols immortels!


Je suis seul comme le soleil
qui fait bruire les bouts vermeils
de tes seins haletants d'orgasme!


Je suis seul comme la lune
qui fait jaillir de ta vulve
des gouttes d'éternité!


Je suis seul comme le soleil
qui répand sur tes cheveux
une sueur de tamarin!


Je suis seul, comme cet oiseau américain
au plumage éblouissant,
qui fait fuir les hommes,
car il volète autour des reins andins
de sa Bien-Aimée,
comme un ange de la merci!


Je suis seul à t'aimer,
et je donnerais l'océan Pacifique,
rien que pour contempler
les rivières enflammées de ta volupté,
telles qu'elles se reflètent
dans tes prunelles mi-closes
qu'embrasent tes cils,
ces ailes du vin de la nuit!


Je suis seul comme un alligator
de l'Amazone, amoureux d'une aligatoresse,
et qui ne rêve que de sentir,
dans sa gueule entrouverte,
la douce queue de la Bien-Aimée,
et de lancer à celle-ci
l'écume de sperme,
en un jet de source de montagne!


Ne brûlez pas des cierges pour moi
dans les églises!
N'invoquez pas de noms de saintes
en ma faveur!


Je ne suis pas digne d'une sainte!
je ne suis digne que d'une déesse comme toi
qui es l'esprit des Andes
incarné dans cette mère péruvienne,
dont le fils fut livré par les Castillans
au supplice de la roue!


Je suis un volcan de la cordillère sainte
et le feu que je crache de mon cratère
n'épargne personne,
si ce n'est les héros
qui se souviennent de l'Inca
et les prêtres qui gardent vivante
la haute tradition du Pérou!


Et de concélébrer avec toi
le mystère de l'amour du soleil
dont tu es la vierge,
immolée sur l'autel de la paix des flammes!


C'est que je t'aime à l'égal
des plumassiers des grands caciques,
et Marie elle-même
ne peut rien contre ton empire,
car elle est pâle comme un ex-voto espagnol!


C?UR DE PAON

RECUEIL INEDIT. AVRIL 2004