Hymne À Gauri


Ô Gauri,
fille née de l'or
du grand midi
et de l'or des astres!


Ta robe diaphane,
tissée avec le fil lumineux
de Sirius,
me séduit outre-mesure,
puisque tu es
la satisfaction de tous les besoins,
l'exaucement de tous les voeux,
le ruissellement des rêves,
le récit extraordinaire
de ma montée en mariage
et de mon séjour
à la cour de Touran
où tu règnes
parmi les belles
aux yeux noirs
et au pubis sombre
comme la nuit de Chine!


Et pareil au Gange,
j'ai pris la place de Shiva
dans ta couche
large et chaude
et t'ai pénétrée
par tous tes orifices,
puisque ma bouche
garde l'empreinte rouge
de tes lèvres
de corail de Carthage
ou de pourpre de Tyr!


Et d'empoigner,
de mes mains expertes
dans le tir à l'arc amoureux,
tes fesses,
où se ramasse,
en un unique éclair
de beauté,
toute la douceur du monde
venue de la canne à sucre
de Cuba
ou des tubéreuses
du Mexique!


Et de porter mes doigts,
que tourmente mon coeur
épris de toi,
dans ton sein gauche
où s'ébattent, depuis les origines,
les apsaras,
comme en un étang
aux lotus roses!


Immense est ma désirade
de toi!
Pourtant, ton désir
de te mirer en moi
la dépasse largement,
puisque tu te nourris
de ma pensée d'amant
et tu ressens en elle
ta propre beauté
composée de mes paroles
comme des grains
d'un chapelet d'ambre
de l'Atlas!


Et je dois
tes mille et un baisers
à la description enthousiaste
que je fais de ta croupe enamourée
et à mes louanges
de la perfection de ta poitrine
et de la tendreté
de ta chevelure!


Rarement,jamais peut-être,
un mortel ne reçut
pareil accueil
de toi!


Car tu me sais gré
d'avoir distingué
tes prunelles assoiffées
d'amour,
parmi tes cheveux
qui retombent sur ta face
et de t'avoir ainsi
sauvée de l'oubli général
des hommes qui te maudissent
pour ne t'avoir point
cherchée
par ignorance et lâcheté!


Jouissant de tes vastes,
de tes infinis trésors,
comment ne pas admettre
que la Bonté existe,
est
et domine
de par tes dons
d'Or?


AVIRONS D'IVRESSE

RECUEIL INEDIT