La Pomme De La Connaissance


Ta croupe est
ce que tu possèdes de plus doux
et de plus salin,
de plus fluvial, de plus lacustre
et de plus marin,
de plus végétal et de plus animal,
de plus terrestre et de plus cosmique,
ou de plus vital
et de plus astral!


C'est en elle
que gît ton originalité,
c'est d'elle que découle ta vérité,
c'est elle qui fait de toi une femme,
voire un être humain!


Elle est le sirop
suintant de la fleur de cocotier
et qui, après avoir fermenté
dans mes prunelles châtaines,
devient le vin de palme
dont je suis l'esclave à jamais
et qui est la panacée
aux maux de mon âme!
Distillée dans mon coeur,
ta hanche devient l'arak, boisson de mon esprit!


Elle est le plus gros fruit du jacquier,
pesant plus de vingt livres!

Elle est la chair de neige
du mangoustan!


Elle est une mangue
au goût velouté d'abricot!


Elle est une pastèque saignante
lourde d'amour!


Elle est l'orchidée
qui me donne sa vanille,
afin quez je m'en parfume
et que je la dévore,
mêlée à la glace de l'Himalaya,
par les nuits chaudes
de la saison sèche à Ceylan
la Paradisiaque!


Elle est un cèdre blanc,
plus svelte que les cèdres de l'Atlas!


Elle est un oeuf de cacatoès,
lisse et odorant
comme la noix de muscade!


Elle est un giroflier des Moluques
aux dix mille clous,
servant de condiment
pour mes mets les plus délicats,
ceux qu'avec soin
je prépare dans mon corps
et qui règnent sur mon intellect,
délicat et puissant,
gourmet fin et gourmand
d'essences exotiques,
pourvu qu'elles viennent
de ton être érotique,
qui, même troublé par le désir,
demeure transparent comme le cristal!


Mais, laisse-moi chanter,
ô avenante et belle
selon mes voeux,
laisse-moi chanter ta chevelure
semblable à la couronne de feuilles
d'un flamboyant,
noyée sous les fleurs rouge corail
de tes lèvres,
et se mirant dans le merveilleux
lac bleu de Kandy,
cette ville capitale de l'île des Bienheureux,
la sainte île du paradis
Sri Lanka,
cette perle d'Avril,
à qui les pêcheurs
donnent jusqu'à leur vie!


Que Sidharta Gautama,
autrement dit le Cakya Mouni,
autrement dit le Bouddha,
me pardonne mon insolence!


Car, contrairement à la doctrine sacrée,
j'enseigne la soif d'existence
et je recommande même
à tous ceux qui croient en une Déesse,
de mordre à pleines dents
dans la pomme de la connaissance,
comme si c'était la joue
d'une jeune fille pubère!


SANGS MELES

RECUEIL INEDIT. OCTOBRE 2004