À l'Egyptienne de mon Âme


Ô fière orfraie de mon âme séduite,
cette nuit je ne dormirai guère,
afin de garder mes prunelles
fixées sur la pierre sacrée d'Al-Djouf
que je tiens pour le symbole vivant
de ta croupe
qui est ma seule espérance
en ce monde où, à chaque aube nouvelle
j'expire,
tué par les flèches de ton amour!


À chaque fois que je rêve
à ton très onctueux derrière,
je crois voir et entendre
la brise du matin
effeuiller les roses
du jardin d'Allah
où quarante mille célèbres rossignols
chantent en concert, quoi d'autre,
la volupté qui émane de tes fesses
et l'émiettement de mon coeur
sous l'effet de mon désir poignant
pour ton corps soyeux,
plus flexible qu'une lame de Damas!


Ô vous, hirondelles revenues d'Egypte,
apportez-moi les nouvelles
de votre contrée
baignée par le Nil blanc,
oui, apportez-moi les nouvelles
de ma Bien-Aimée
qui en ce moment doit reposer
parmi les jeunes tourterelles,
ses compagnes,
sur la terrasse du sérail
de l'émir d'Alexandrie
ou jouer de l'aoud
dans quelque jardin
ceint de hautes murailles blanches!


De la plage de Matala
où je ramasse des coquillages pour ton cou,
je te vois émerger
d'entre les flots,
pareille à une colonne ionienne,
une de ces colonnes qui servent
à soutenir les arcades
des mosquées de Syrie!


Oui, tels m'apparaissent ton torse svelte
et ta taille de guêpe,
par-dessus la bombe de ta hanche,
ce brûlot de Canaris
lancé contre la flotte
du Khédive d'Egypte,
dans le port immense d'Iskenderia!


Oui, ton cul enflammé est
une torche allumée
au brasier du soleil cairote
et portée par les croyants
à la fête copte
de la Résurrection du Seigneur!


Ô Egyptienne de mon coeur ivre,
évoquer ta beauté,
c'est pour moi
sentir mon sang
battre dans mes veines,
comme dans les veines d'un lion
qui tient dans ses griffes
une grasse génisse,
sa proie de ce jour auguste!


Or, à l'image de ce fauve,
il me tarde de consommer
ta chair savoureuse,
cuite au four de mon inextinguible,
de ma royale passion!


FLAMBEAUX GEANTS

RECUEIL INEDIT.DU 1ER AU 7 AVRIL 2007