Ode à la Reine du Burundi


Tant fabuleusement large est ta hanche,
ô fière Burundaise,
qu'elle me semble
longue de trois toises
et large de cinq pieds!


Elle est recourbée
comme une Porte de Meknès
et bien ouvrée,
ainsi que le dôme
d'un palais de Tombouctou!


Sans hésitation, je proclame
qu'il n'y en a pas une
qui soit aussi belle
d'ici à Kampala,
voire à Dar-es-Salaam!


Quand je te vois marcher
sur la route de Bujumbura
avec un beau panier
sur ta tête de Reine
se tenant toute droite
ainsi qu'une prêtresse d'antan,
mon coeur entre en extase
et mon esprit devient fécond
sur-le–champ!


Car, c'est à toi que s'adressent
tous les hymnes
que tu me vois composer
sur des feuilles de bananier
qui sont autant de bannières
de ta féminité
déployées ainsi que des draps d'or
étendus sur les murs
des maisons de Bujumbura!


Sache, ô mon angélique Bien-Aimée,
que, non content d'être
un poète de ta beauté,
je suis aussi un sourcier savant
qui pressent la présence
dans ton utérus
d'une véritable fontaine de jouvence,
avec l'eau de laquelle
tu nourriras le fruit de tes viscères,
si jamais tu deviens
enceinte de moi!


Ô belle enfant de mon âme,
ô grande Burundaise de mon coeur,
une seule et même volonté
nous unit, toi et moi,
une volonté de gésir
l'un à côté de l'autre,
sur une jonchée de fleurs d'ébénier
et de nous plonger là
dans l'amoureux vertige,
comme deux bruns rossignols
qui chanteront, l'un à l'autre,
les douces chansons
de la vieille Afrique,
matrice de la femme
comme de l'homme!


Or, nous avons tous les deux
ce que nous voulons
et qu'il nous plaît d'avoir,
et nous aimons faire entre nous
ce que nous voyons faire
aux vaches et aux taureaux,
aux lionnes et aux lions,
aux tigresses et aux tigres,
ainsi qu'aux hirondelles
et aux cygnes sauvages
ou apprivoisés!


Ô noble terre du Burundi,
tu as pétri mes odes sacrées
avec le levain des seins de tes femmes
qui font de toi
un royaume élu
d'entre les royaumes
du vaste monde,
oui, un état et un peuple
à l'image de l'antique
royaume de Salomon!


Ô Burundi, maternelle contrée,
tes filles ont fait de moi
un prêtre animiste
et un mage!


Ô Reine du Burundi,
aucune autre femme
n'est née d'une mère
en notre temps
et aucune autre
n'a été regardée par un homme
qui te soit comparable
par l'ampleur de sa hanche
ou par la forme ovale de sa figure,
tant et si bien,
que ta vie me semble
une féerie swahilie
de la Négritude
ou une fantasia arabe,
où les cavaliers seraient des cavalières,
et toutes des pucelles!


Oui, ton existence fantasmagorique
a toute la semblance
d'un incendie de brousse,
vu en rêve,
ou d'une sorcellerie villageoise!


Mais, plutôt que de sorcellerie,
je préfère parler,
à ton endroit,
de pure magie!


Ô Afrique, ma terre et ma passion
et ma semence,
dont je nourris ta Reine,
la Swahilie de ma chair
et de mon esprit!


Ô Burundi, Perle de l'Afrique,
c'est au coeur de tes somptueuses forêts
que ma mère me donna le lait
et aujourd'hui tu es
la sève de ma maîtresse
qui est la sève de ma vie!


Ô ma Reine,
ma Souveraine Déesse,
sois le cantique des cantiques
que patiemment j'élèverai
en rêvant de ton utérus,
ce temple premier de la Vérité
qui, avant d'être grecque,
fut africaine!


LA REINE DU BURUNDI

RECUEIL INEDIT. DU 26 FEVRIER AU 02 MARS 2007