À Une Tchadienne
Ô Belle Tchadienne,
laisse-moi jouir
de la caresse de tes grands yeux
et de la paresse
de tes fesses larges!
La coupe de tes lèvres
est pleine jusqu'au bord
du vin noir de ta chevelure!
Immunisé contre le sort,
que je la boive
jusqu'au matin!
Que ma gorge
en reçoive le don
comme la Terre
jadis reçut l'Égypte
des bras du Nil!
Que comme l'Égypte
ta matrice soit féconde
et que ta vulve
soit le fourreau d'or
de l'épée du bonheur!
De cette épée
qu'il te tarde
de connaître la force!
Qu'elle te fasse
tortiller les hanches
dans l'impatience
et dans l'avidité
de l'immortalité
qui est son apanage,
sa souveraine portée
et son privilège royal!
Que tes ongles laqués
soient l'utérus
qui concevra les rêves
de ce soir
et l'oreiller
où je reposerai,
l'âme remplie
de ton regard de feu,
mon aliment princier,
ma sucrerie d'Amour,
ma friandise pérenne!
Que je sois
la perle unique
brillant dans tes cheveux,
celle qui te rendra pareille
à l'étincelle divine!
Que de la rencontre
de la nacre
et de l'ébène
naissent les fleurs
les plus singulières
et les arabesques
les plus rares,
supérieures aux arabesques
de Fez, de Meknès
et de Grenade!
Ô Belle Africaine,
frémis comme un papillon
parmi les héliotropes
de Madagascar!
Que ton papillonnement
soit la source du savoir,
le fondement de la connaissance!
Que tes boucles frisées
soient le principe de l'ivresse
et le rayonnement de l'extase!
Que le vent du Sahara,
l'âpre harmattan,
dessèche tes larmes
venues de la plénitude
de tes courbes
et du trop-plein
de ton sein
languissant de l'Éden!
Rassure-toi, cependant!
J'aperçois déjà
les nouvelles aurores
à poindre
et les nouveaux Éden
à apparaître
qui, à la différence
de l'ancien,
seront multiples,
disséminés comme des astres
dans les galaxies,
comme des coeurs
parmi les cellules
de ton corps fertile
comme le Croissant!
Et te croupe noire
sera elle-même
un Coeur
où je battrai
monnaie impériale,
sesterce romain,
et où sonneront
les cloches du Plaisir!
PEAU D’ANTHRACITE
EDITIONS ASSOCIATIVES CLAPAS. JUILLET 2002