Ode à Calliste


Ô Calliste, ma Bien-Aimée
au front haut
et aux attaches de perles fines,
c'est à toi que je donne
la palme de la beauté
parmi les jeunes filles
qui négligent le travail d'aiguille,
car elles font la part royale
à la riante Aphrodite,
Déesse de l'aise, de la volupté
et de la plus grande poésie!


Que Polymnie m'aide
des accents suaves
de son luth de Mytilène
et qu'Euterpe m'accompagne de sa flûte,
afin que je conduise
le navire de cette ode
à un havre protégé
du vent d'Afrique et de l'Aquilon,
voire à un port de gloire
où mouillent les vaisseaux
les plus extraordinaires,
gréés chacun de trois très hauts mâts
portant des voiles moirées
aux couleurs magnifiques
de pourpre sidonienne
et de cochenille indienne!


De par la fraîche peupleraie,
arrosée d'une eau sainte,
de par le verger
humecté de quatre canaux
comme un jardin de Grenade,
de par le lierre qui orne mon front
d'aède bacchique,
je te donne, Ô Calliste,
la palme de la plus opulente gorge,
la gorge qui comme une mer
envahit l'altissime montagne
de l'Ida de Crète
où elle fait couler son lait
afin de nourrir le jeune Zeus!


Je t'accorderai aussi
la palme de la hanche la plus ronde
et la plus ferme,
ferme comme l'acier de Rhénanie
et dure comme le diamant de Chypre!


Ô Bien-Aimée, sois pour moi
la rivière d'Isménos
qui baigne Thèbes,
car il faut bien que je serve Dionysos,
mon maître,
ce Bacchos né sur les bords de l'Isménos,
en chantant tes mains élégantes
qui font frémir toutes les cithares
et qui sont chargées chacune
d'une seule bague d'améthyste!


Sois moderne de par l'audace
de ta parole
et ancienne par la fraîcheur
de ton âme émerveillée des biens
que les dieux nous prodiguent
sans compter!


De par les fruits savoureux
du palmier de ton esprit
j'accorde ma lyre
afin qu'elle arrête le cours des fleuves
et qu'elle fasse parler les oliviers,
tant grande est la force
que je tire de toi!


C'est que tu chantes
comme une Bacchante sauvage
et que tu aimes
comme une vierge rêveuse!


LA TOPAZE MYSTIQUE

RECUEIL INEDIT. AOUT 2005