L’Ode Anniversaire


Bénie fut l’année
où j’ai été conçu
et encore plus heureuse
l’année où je suis né!


Je garde toujours dans mes yeux
le sourire de ma mère,
ce palmier d’or
où chantent cent mille oiseaux
à la fois,
ce trône de rubis et d’émeraudes
où un beau matin d’Avril
je me suis assis pour l’éternité
comme un prince arabe
sous un dais de fleurs
plus rouges que la pourpre d’un hidjab!


Et déjà, les chants de mes laudateurs
montent dans le ciel
comme la fumée des tchimbouks
dans les tavernes du Caire
et d’Alexandrie,
à l’approche du soir!


Quoique toutes mes pensées,
plus rapides que des hirondelles,
aillent vers Al-Djezireh,
l’Alger des chrétiens,
et vers Benghaze et Alep,
je demeure un païen
et un polythéiste
jusqu’à la moelle des os,
plus porté aux femmes, au vin
et aux arts
qu’à la guerre entre tribus
que je juge surannée,
quand elle n’est pas dangereuse
pour la santé des croyants!


Tant je me grise
des sons de mes propres cantiques,
à l’image d’une cigale en été,
que rien, ni le vacarme
des faux bourdons,
ni même le tonnerre
ne peuvent interrompre ma musique
dont tout le faix
je porte sur mes minces épaules
de fourmi d’or!


Et le sommeil de descendre
sur mes prunelles
comme la nuit descend
sur les jardins d’Oualata
où jour et nuit chantent les rossignols
mûrs pour la beauté de la terre
et où les parfums sont si délicats
qu’ils engendrent les filles de l’amour!


TAMBOURS DE BRONZE

RECUEIL INEDIT.DU 8 AU 14 AVRIL 2007