La Chanson du Jardin du Hedjaz
Je t’invite à un voyage
au pays de l’éternel printemps
où les jeunes femmes sont
doctes en volupté
et savantes dans l’art de caresser!
Mais pourquoi ferions-nous
un tel voyage,
puisque ici même
ta hanche me prodigue le plaisir céleste
d’un voyage dans les nues de l’été
et puisque tes yeux distillent une joie
égale à la joie
de réciter le Cantique des cantiques?
Oui, pourquoi ferions-nous ce voyage,
puisque rien n’est comparable
en ce monde futile
au contentement que je retire
du balancement de tes fesses,
larges comme les deux battants
de la porte d’Al-Mansour
à Meknès, ville où le soleil se couche
dans son lit de Calife
d’Extrême Occident?
Oui, pourquoi ferions-nous ce voyage,
puisque tous les parfums de l’Orient sont
dans ta chevelure musquée
et toutes les pastèques du Hedjaz
dans tes flancs succulents
et tous les blancs peupliers de Samarcande
dans ton âme vaste comme le ciel
et toutes les émeraudes d’Egypte
dans tes prunelles brillantes
et tous les oiseaux de paradis
dans tes seins compacts et palpitants
de jeune femme pakistanaise?
Je n’entreprendrais un tel périple
que si je ressentais un manque
ou si j’avais des reproches
à adresser à la Divinité!
Or, quel manque est-ce que je ressens
autre que celui
qui est dû à ton absence
de ma couche profonde
comme le loisir du sage?
Et quel reproche dois-je adresser
à la Destinée
autre que celui de ne jamais
te rencontrer
ailleurs que dans le Rêve?
TAMBOURS DE BRONZE
RECUEIL INEDIT.DU 8 AU 14 AVRIL 2007