La Rose Rouge d’Iran


Je suis l’épervier
qui au milieu de ta gorge
de perdrix femelle
a placé une rose rouge!


Et depuis l’air embaume
cette rose rouge
qui est la Sultane de Turkestan,
l’Impératrice d’Ouzbékistan,
la Souveraine de tout le Touran,
la Princesse du Khorassan,
la Reine de Perse,
la Grande Dame de Médie,
la Première des banous parthes,
la Reine des Reines de l’Iran,
la Déesse d’Irak,
la Grande Mamelouque d’Egypte,
la Façonneuse de Libye,
la Créatrice de Kairouan,
la Cheikha de Maghreb el Acsa,
l’Angelette de Garnatha-Grenade
et la Moniale du jardin des délices
d’Iram!


Cette rose est la rose qui correspond
au rubis de ton âme
sur lequel j’ai refermé ma main
un jour de musc et d’aloès,
un jour marqué de blanc
sur l’almanach de ma vie
et où je t’aimais
sous la lune d’été
qui est la lune de volupté!


Vêtu du caftan vermeil
comme la rose de ton sein
et à demi allongé
sur mon tapis de prière,
ainsi qu’un poète persan,
je contemple l’arbre de Judée
de ta beauté,
cette fontaine où s’abreuvent
les sombres pigeons de mes prunelles
et qui est l’horloge de mon cœur
dont elle règle le moindre mouvement
de chagrin ou de joie!


Ô plus suave que le miel de figuier,
ô plus dorée que le miel d’oranger,
ô toi, la plus tendre des filles de vizir,
ô toi qui es ma vigne-reine,
tu es ce Kiosque impérial
vers lequel je m’achemine
depuis une éternité,
perdu que je suis,
oui, perdu et fourvoyé
dans le désert occidental
où il n’est point de chemin
autre que le chemin qui mène
tout droit
au labyrinthe de ta vulve
de Vénus des anciens
et de Mariam-Fatima des croyants!


Tu es la chambre du Trésor
et la Salle du Trône
de mon esprit qui règne,
tel un Shahryar
ou empereur du monde,
sous un dais de fleurs de citronnier
où chantent des rossignols d’or!


Et je porte dans ma main droite
une épée damasquinée
que je destine aux démons
qui sans cesse assaillent ma demeure
et au poing de ma main gauche
une coupe de cornaline,
remplie de vin rouge
comme la rose de ta gorge
et que je bois lentement
et en levant le front,
afin de faire honneur
à ta lente,
à ta majestueuse Beauté!


Ô toi, rosier né du sang de Jésus-Isha,
sois le rosier
dont l’ombre me parlera
sur mon chemin de Damas
et dont les roses me serviront
d’autant de talismans!


TAMBOURS DE BRONZE

RECUEIL INEDIT.DU 8 AU 14 AVRIL 2007