À une Parsie
Ô magicienne du feu mazdéen,
ô Parsie au visage d’amour
et au corps de merisier en fleur,
vois comme ces houris se glissent
ainsi que des dorades roses
dans la fontaine que les Persans appellent
Hawz-E-Kawthar,
c’est-à-dire bassin du Paradis!
Regarde comme elles jouent avec l’écume
en s’éclaboussant mutuellement!
Vois comme elles baignent leurs membres
de roses blanches d’Ispahan
et de jasmins de Chiraz!
Et l’univers entier
d’en devenir un flambeau allumé
qui ne répandrait guère de fumée
et dont la cire ne ferait couler
point de larmes!
C’est à en perdre haleine,
c’est à s’en enfiévrer,
c’est à en délirer
et c’est en faire rire
les biches du Soleil
et à faire descendre
la Jérusalem Céleste
dans la Jérusalem Terrestre
et à faire monter la Terre
dans le Ciel!
Dans la nuit résurrectionnelle
où le sage s’élève
jusqu’à la pure contemplation des Essences,
ces houris ou ces fées sont
autant de visions chérubiniques
auxquelles il accède
après une longue ascèse,
en pénétrant dans la chambre d’ivoire
où les rêves les plus subtils
et les plus légers
trouvent refuge
comme dans un nid d’hirondelle!
Puissé-je connaître une nuit
de pleine lune d’été
où les rêves ne s’envoleront point,
mais resteront
dans mon chaud giron
de ménestrel chirazi,
de trouvère ispahani
et de poète des aurores d’Orient,
marié à une fée
ou à une Péri!
ROSE ET SUCRE
RECUEIL INEDIT.DU 15 AU 19 AVRIL 2007