Grand Chant d’Amour Tantrique


Des vagues d’Harmonie
ruissellent sur ma poitrine
de l’Océan de tes yeux,
faisant se succéder
les violettes aux lilas,
les aigues marines
aux opales célestes,
les pierres fines,
serties d’écume,
aux cristaux des nuées
de Midi,
les hyacinthes aux chrysolithes,
les races de topazes
aux nations de cornalines,
les saphirs parfaits
aux lapis-lazuli éblouissants,
les jours azurés
aux nuits bleues,
les amphithéâtres maritimes
aux théâtres des monts,
-ces étendards de l’horizon
flottant au loin,
libres de toute entrave-,
les pinèdes d’Alep
aux dattiers d’or
de Hedjaz,
les montagnes abruptes
de noirs diamants
aux immensités roses
du couchant,
les canaux de moire,
semblables à des lacs
frémissant de violons vénitiens,
aux fusées de lys,
semblables à des colonnes ioniennes
dansant dans la lumière
du Zénith,
les grandes statues
du cosmos
aux vases élégants
de la terre,
les ruisseaux diaprés
aux vallons féconds
posés entre deux collines
de bronze,
les volutes idéales
de la Pensée
aux formes vaporeuses
de ton Corps béni,
l’Orangeraie de ta Face
à la Lune blanche
de ton Milieu,
les séraphins glorieux
de ta Beauté
aux chérubins précieux
de La Bonté,
les rouges cerises
de La Volupté
à l’albâtre de La Grâce,
les flammes brunes
de ta Passion
à l’ambre de ta Pureté,
les améthystes luxurieuses
et calmes
de ton cerveau
à la pourpre royale
du plaisir de ton cœur,
les rivières heureuses
de ta chevelure
-cette frontière naturelle
des contrées indiennes-
aux oliveraies de rêve
de tes seins,
le pelage lisse
du puma de ta chair
au velours des Ethers,
les roseaux caressants
de tes jambes
aux bougainvillées sacrées
couvrant ton pubis,
le térébinthes ombreux
de tes cils
à la vigneraie dulcissime
s’éployant sous les gouttes
de Soleil
de ta croupe langoureuse
et leste
-cette source inépuisable
de Joie
des guerriers intrépides
de l’Existence-,
les palmes aurorales
et mystiques
de ton front
aux mûriers protecteurs
de tes paupières,
les perles de ton nombril
aux étoiles du soir
de tes lèvres,
les cloches de tes épaules
claires
aux gongs de ta taille
fertile,
la fontaine de ton cou
aux soieries de ton ventre,
l’Orient de ta nuque
de nacre
à l’Occident de tes mains
d’argent,
la neige de tes paumes
au cygne blanc
de tes pieds,
tes bras de brume légère
à tes reins de poudre,
les arcades aromatiques
de tes aisselles
aux arches puissantes
de tes cuisses,
la roseraie aphrodisiaque
de tes joues
aux lauriers-roses artémisiens
de tes tempes,
tes sourcils imperceptibles
d’Ange invisible
à tes sombres paupières
d’Idole adorée
par les Fidèles d’Amour,
ton nez d’ivoire
à ton menton de marbre,
ton corsage de tigre
obéi par les dieux
à tes ongles
de chat aimant,
la pente luxuriante
de tes hanches
à la moulure astrale
de tes chevilles,
l’ambroisie de la bouche
de ton Désir
à la moisson
lourde de sens
de tes contours richissimes
et la vertigineuse
Voûte d’émeraudes
gardant ton sexe
au goudron
de la masse de tes cheveux
étales!


Ô Promise des Planètes,
tu es un Rayon de l’Être,
un Soleil en son Commencement,
l’Arc-en-ciel
de la Création,
le Tapis
figurant la matière
de tous les Livres,
hindous, chaldéens,
chrétiens
et musulmans,
la Texture
de toutes les Rhapsodies
de l’Amour,
le Miel des Mythes,
la Forge de Douceur
Indicible,
la Porte de la Vérité,
l’Amphitryonne
de tous les nobles Echansons,
la Dame aux panthères,
la Foule des Fleurs
Jasmines
offertes à Shiva,
le Sultanat de l’Ivresse,
la Langue des Parfums,
le Chant de l’Espoir,
la Musique des Rubis,
la Voix du Quartz
métaphysique,
la Danse Immatérielle
de l’Âme tantrique
Illuminée par tes Caresses,
la ronde Fabuleuse
des Idées Immortelles!


LA GRANDE DEESSE

RECUEIL INEDIT. DU 12 OCTOBRE 1996 AU 11 JANVIER 1997