Les Noces de l’Âme et de l’Être


Ô Bien-Aimée pareille à un feu de joie,
ton sein souple comme l’hermine est
un monticule de sable
où je me purifie
comme ceux qui pratiquent le rite mazdéen
de la lustration pulvérale,
c’est-à-dire du bain de sable
dont le but est sacré!


Par ailleurs, la fleur de soufre
de tes flancs revêtus d’un tissu
de topazes d’or,
fait brûler mon corps
comme bois d’aloès!


De grâce, amie chère à mon âme,
consommons notre mariage ici-même
et passons à l’acte de vie
semblable à a conjonction
de Vénus et des Poissons,
sinon verse dans la coupe de mes lèvres
l’eau de tes baisers,
afin de calmer de la sorte
ma fièvre qui va s’aggravant!


Or, je me sens comme un lion apprivoisé
faisant partie de l’assemblée des fauves
qui composent le cortège
de la Grande Déesse
et Maîtresse auguste des animaux!


Oui, je suis comme un lévrier russe
au cou duquel tu aurais passé
la laisse de jais
de tes boucles noires
et que tu promènerais par les rues
jonchées de pétales de roses
de la Cité de volupté
ou par les closeries des violettes d’Ispahan
ou par les vergers de Chiraz!


Oui, je suis comme un faucon
se tenant sur ton poing,
en attendant d’être lancé par toi
dans l’azur
au cas où tu désirerais
capturer une colombe!


Ah! Il n’y a rien de tel
dans cette vie où rien ne dure
que de boire du vin dans une coupe de bronze,
assis, côte à côte, avec la Bien-Aimée
sur une banquette de café
sous un lambris où est sculptée
la Victoire portant le flambeau du monde
ou sur un banc public,
à l’ombre d’un blanc peuplier
dont le feuillage de cime
forme une couronne
de Shahbanou de l’univers!


Et rien sur cette terre instable
ne vaut un jeu de prunelles
entre amoureux,
suivi d’œillades voluptueuses
et de clins d’œil sensuels!


En séparant l’épi de blé
de l’ivraie,
nous en arrivons à un érotisme de Purs
dont la chasteté ne s’oppose point
à la contemplation des beautés
qui hantent les ascètes
ainsi que des houris,
ce qui exclut tout dédain
envers les chose de l’amour!


Au trictrac de l’espérance et de l’adversité,
seul l’emporte celui qui aime
en toute innocence!


Et au printemps nouveau,
les cerisiers en fleur
d’entonner l’hyménée
pour les noces de l’Âme et de l’Être!


POUPEES DE SUCRE

RECUEIL INEDIT. DU 20 AU 26 AVRIL 2007