À la Belle de Taraz


Comme ton cœur,
enflammé ainsi qu’un bois d’aloès allumé,
répand la chaleur
dans la nuit qui sera suivie
d’une matinée éclatante
où, sur la voie impériale
qui mène au jardin d’Iram
ou paradis terrestre
et qui sera lavée à l’eau de rose
et tendue de tapis
ornés de gemmes,
ton cortège enfin s’ébranlera
derrière ton carrosse d’or,
tiré par six alezanes
couleur de soleil
et précédé de ta garde à cheval
portant plumes de paon
aux chapeaux resplendissants
comme des pleine lunes de Juillet!


Oui, ton cœur n’est pas un vilain caillou
comme celui de nombreux hommes et femmes,
mais une urne pleine de l’eau pure
d’une source de montagne
coulant entre des rochers blancs
et où je bois avec avidité
la félicité d’être!


Quand tu t’approches de moi,
je sens, en plein hiver,
l’été venir m’embraser
et les raisins et les figues mûrir
sous ton ardent baiser,
ô belle de Turkestan,
ô Khotanaise qui embaumes
l’encens et le benjoin
et le santal!


Or, tu donnes l’exemple de la fierté
aux oranges de Bagdad
et celui de l’orgueil souverain
aux tigresses des Indes
dont le ventre est blanc
comme le point du jour!


Et tu enseignes l’élégance aux gazelles
et la douceur aux biches
dont les prunelles doivent leur beauté
à tes yeux où le lait le dispute au miel
et le sucre au chocolat!


Et que dire de ta gorge
plus douce au toucher
que le vison, l’hermine
ou le chinchilla?


Ô belle de Taraz,
je t’offre mon amour
et, en échange, je ne te demande rien,
si ce n’est que tu reconnaisses
être la statue même de la bonté,
sans laquelle il n’est point
de femme séduisante,
et l’image vivante
de la liberté de conquérir
et d’aimer pour toujours!


POUPEES DE SUCRE

RECUEIL INEDIT. DU 20 AU 26 AVRIL 2007