Hymne à la Reine d’Arménie


Ô poule faisane de mon jardin,
ô rossignolette de ma roseraie,
tu es mon trône
et ma tiare de Shah d’Iran,
car je ne puis régner
qu’auprès de toi qui es
le royaume même de mon âme
et le sultanat de tout mon être!


Comme tu sais dissimuler
sous le fin tissu que tu portes,
l’extraordinaire largeur de ta croupe
dont tu mets pourtant en évidence la beauté
sous la moire pareille à l’océan Indien
au crépuscule!


Comme tu sais embellir ta face
en la relevant de Khôl, d’indigo,
de henné, de rouge,
de fard blanc et d’or en feuille!


Et comme tu sais jouer
avec ta chevelure
en en faisant, tantôt une rivière,
tantôt une ceinture
et tantôt une couronne!


Oui, avec quel art consommé,
digne de l’art d’Ishtar,
tu fais semblant de te coiffer,
ô, machinalement,
afin de te jouer
des yeux de ton amant,
ô maîtresse effrontée!


Tu deviens alors
l’armée la plus dangereuse au monde
et la sultane la plus despotique,
lé Reine la plus absolue!


Mais tu es si douce
qu’on ne s’aperçoit guère de ta puissance,
devant laquelle le ciel transparent lui-même
devient opaque!


Devant ta suavité de sucre candi,
la canne à sucre est d’un goût amer
et tous les fruits de l’été
sont sans saveur!


Car, qu’est-ce qu’une figue
comparée à ta vulve
qui reçoit les hommages
de tous les princes de l’Orient
et dont la renommée
a dépassé le Caucase à l’ouest
et l’Himalaya à l’est?


Déjà, les laboureurs
sur les bords du Don
ou de la Volga
jurent par ta beauté
en mettant en terre
les grains du blé à germer
au printemps!


Quand tu apparais devant mes yeux,
semblable à la Reine d’Arménie,
tu deviens pour moi
le Chien de l’été,
ce Sirius qui embrase nos campagnes
et enflamme nos cœurs!


Puissé-je toujours rester au chaud,
en gardant ma bouche
sur tes lèvres rouges
et ardentes comme le soleil de Juillet!


Et moi d’entonner l’antienne
de ta voix de fauvette des bois
et de ta nature de perle vierge
et non perforée!


POUPEES DE SUCRE

RECUEIL INEDIT. DU 20 AU 26 AVRIL 2007