À la Perle de Tombouctou


Sous le ciel chinchilla
de ta tendresse insigne,
je perlerai cet ouvrage
en t’élevant sur le pavois,
ô Reine mondiale
de ma volonté
dont la hanche fastueuse
est le péricarde d’or
recélant le coeur de l’Univers
et son Être churrigueresque,
pareil à la Plaza Mayor
de Salamanque!


Ô Rosacée de bon augure,
ô champignon de la longévité,
ô fruit d’hippophaé d’argent,
ô pécari de mon amour!


Ô Noble Sahélienne,
ô lumineuse fille de Gao!
Ô Belle d’Ifé,
ô sublime Songhayine!


Ton bassin superbe
suit la courbe
qu’accomplit le Niger
autour de Tombouctou,
et ton sexe
est la bouche atlantique
de ce fleuve
aussi long
que tes cuisses de gloire!


Je suis l’holiste de la Beauté
et le Saint
et Thaumaturge africain
de l’Amour
et je trouve charmante
et passionnante
ton aérienne peccadille
d’avoir voulu
plaire à mon Âme
quand je t’ai rencontrée
un jour de grande volerie
où tu semblais
une gazelle esseulée,
blottie contre une Palme
comme dans les bras
d’une Mère,
ce jour béni
où tu as répondu
à ma sauvagerie hircine
par l’élégance de ton sourire
et par l’aise
et le luxe de ton balancement!


Tu es le concours des hippologues
éblouis de trouver en ta personne
une pouliche de pure ébène!


Tu es la délicatesse des gemmeurs
qui extraient la résine
de ton corps si doux!


Et tu es l’ardeur des caoutchoutiers
pressés de retirer le latex
de ton sein nu!


Tes fesses
ont la chasteté
des ailes d’hirondelle
et la somptuosité
du plumage des anges!


Car tu es une Pastourelle
qui se joue
dans la flûte du Soleil!


Tes prunelles
ont la friponnerie débonnaire
des dames de compagnie
des antiques Pharaonnes!


Ta chevelure
est un volume brillant
que tu masses
en attendant la pluie tropicale!


Tes robes colorées
que tu arbores
avec tant de naturel
dans ta richesse d’enfant
portent la substance
des indigotiers!


Tes chants
ont la suavité
et la maturité ancienne
de l’Afrique
et ta voix de divin animal
a toute l’innocence
de la Guinée!


Ta gloire païenne
ne connaît de limite
que dans la zoolâtrie
des zèbres
et des zébus sacrés!


Avec l’orgue de l’Esprit,
je ne cesse de polir ta chute de reins,
pareille à une cascade
de diamants noirs,
et ta croupe
semblable au lac Tchad!


Ô Rondeur d’Astre!
Ô Plasticité d’argile!
Ô Fragilité de faïence fine!


Tu es vérité
la Perle de Tombouctou,
l’Or originel
de l’Empire du Mali!


VOIX DE SAFRAN

EDITIONS ENCRES VIVES. COLL. LIEUX. NOVEMBRE 2000