À Une Jeune Grecque


Quel délice plus pur
que le champ de neige
de ton sein
où bat le coeur de la Terre,
rouge comme le rubis splendide
sous la Nativité
de ta gorge!


Ô Belle Tanagréenne
qui jamais ne te rassasies
de mes déclarations d’Amour,
la vigueur de tes hanches
polies au feu de l’anisette
n’est-elle pas
l’aliment de ma joie
exacerbée par ta grâce
et le pilier qui supporte
et supportera toujours
mon enthousiasme poétique?


Ô Brune Minoenne,
ta chevelure
n’est-elle pas bleue
comme la fumée
qui vole des villages de Crète
vers les immenses
champs d’azur,
identique à la fumée
qu’a vue Ulysse
s’élever d’Ithaque
où de bons vents
le ramenèrent
après vingt années
d’exil
et de rudes épreuves
entrecoupées de longs épisodes
d’Amours immortelles?


N’est-il pas raisonnable
que comme lui
je me tourne désormais
vers les filles de l’Hellade
souples comme des cygnes
et accueillantes
comme des sources
d’eau fraîche
en été
et dont Sapho
saluait déjà,
il y a plusieurs millénaires,
la grande beauté
qu’elle trouvait digne
des préjugés
les plus favorables!


Pourtant, à l’époque classique
les penseurs de ce pays
se méfiaient d’elles
comme d’un Autre
sauvage et indomptable,
instaurant depuis Hésiode
la guerre des sexes!


CHAIR D' HIRONDELLE

ENCRES VIVES. JUILLET 2002