À Une Lampadéphore


Ta hanche
où la neige
à la mer s’allie
est un blanc cygne
de ton Être océanique
qui réconcilie
les cyniques avec les croyants
en une ronde mémorable
dansée autour de l’autel royal
de ton corps
comme autour
de la statue de marbre
d’une Déesse
aux proportions parfaites
de corps céleste!


Que le sang de la défloration
imbibe nos draps
déjà mouillés
de notre rosée
et jusqu’à notre chevet indigo,
racine du rêve
que nous vivons
éveillés et fous
comme des vents doux
soufflant du Sud
sur l’ivre Hellade
de notre lit
saccagé par les corsaires
d’Alger la Rebelle
au service du Sultan
de Notre Amour!


Ta chair sableuse,
mère de grands crus,
me plonge
dans un enchantement permanent
de prince ensorcelé
par les flûtes des fées
qui aux vêpres vernales
se penchent sur sa couche
afin d’enrichir son existence
de la glaise de tes cuisses
d’où plus tard
il tirera
avec ses mains habiles
de potier savant
un chef-d’oeuvre romanesque
passant en puissance
les oeuvres de la Nature!


Ton sein est un brûlot
que tu lances
contre le vaisseau amiral
de la flotte ottomane
de mon Désir,
car tu en fais battre
mon coeur imprudent
comme une cloche pascale
annonçant la venue
de Madeleine
dans la vie de Jésus
dont elle sera
le parfum de la tendresse
et la fleur de l’attente!


Ton visage
possède la grâce du Parnasse
sous la neige fraîche!


En effet, cette montagne,
habitacle de tous les poètes
qui y passent
hivers comme étés,
transparaît sous ta peau
dont les pores chantent
comme les pins dans la brise!


Tes flancs légers
comme l’air
parfumé de thym
sont une calèche
tirée par deux pouliches
de nacre
et qui emporte mes sens
et mon esprit
sur les chemins vaporeux
des aurores futures
où les hommes
seront des Dieux
couronnés de lierre,
à l’instar du défunt Bacchus
dont l’ivresse
était nourrie
par la beauté d’Ariane,
son élyséenne campagne
et fille de la Lune
qui se couche dans la mer
de Crète!


Ô Nef de mon âme,
je crois en un avenir
tout proche,
tout tracé déjà.
où tu seras
la Révolution par la Joie
qu’aujourd’hui,
lampadéphore,
tu soutiens toute seule
contre vents adverses
et marées envahisseuses!


CHAIR D' HIRONDELLE

ENCRES VIVES. JUILLET 2002