L'Epouse de Mai
Ô fiancée du mois d'Avril,
l'Avril d'Aphrodite,
tu es la force tranquille
d'un oranger de quinze ans
dont les fleurs embaument
dans la plaine d'Argos de l'amour!
Tu es un tout jeune olivier
qui gonfle déjà,
se préparant désormais
à la fructification automnale
qui t'élèvera du statut de vierge inféconde
à l'état de mère souveraine,
entourée de ses bambins,
filles et garçons en nombre égal!
Ta chanson est le doux murmure
d'une rivière profonde
qui traverse une riante vallée
porteuse de citronniers
et d'arbres sauvages
mariés à ta puissance ascendante
d'aimable jouvencelle
et de désirable jeune femme!
Ton âme est transparente
comme un clair ruisselet
nourri de la fonte des neiges
venues des pentes
du mont Cyllène d'Arcadie,
berceau d'Hermès
à la baguette d'or,
l'inventeur de la lyre
sur laquelle je te chante,
ô Bien-Aimée dont le baiser est
un bol d'eau fraîche en été
et le feu d'un foyer en hiver!
Les jarres remplies d'huile d'olive
couleur d'ambre,
posées dans la partie couverte
de la cour de ta demeure,
sont le symbole
de ton amour
ardente comme la sève de l'olive
et comme le coeur joyeux
de l'olivier au sang bleu!
Dans mon esprit extravagant
d'aède amoureux,
tu es le mûrier de la Morée
dont les rameaux verts
forment un berceau
dans la partie droite de mon cerveau,
siège de l'imagination,
cette épousée des forêts de l'Erymanthe,
montagne fameuse de la Morée!
Deviens, donc, le jet d'eau de mon esprit
et l'épousée du mois de Mai,
afin que Satyres et Satyresses,
Faunes et Faunesses
forment avec moi un coeur de danse
que tu mèneras
à travers prairies et jardins
du Péloponnèse!
Et, cependant que je t'étreins,
verse dans ma coupe
qui ne demande pas mieux,
verse du vieux vin de Malvoisie,
de celui que buvaient
les chevaliers de France
avec leurs accortes dames
aux yeux d'azur!
L'OLIVIER AU SANG BLEU
RECUEIL INEDIT. AOUT 2005