Du Retour à l’Âme
La grâce de vivre
et le savoir d’aimer
ne sont accordés aux femmes
que quand elle rêvent
d’un retour à l’Âme,
nécessaire autant que salutaire
après des siècles
où Celle-ci s’est rabougrie
comme une peau de chagrin
et s’est recroquevillée en elle-même
comme un escargot!
Sans l’Âme
qui leur donne
leur substance de cygnes,
tes fesses magiques
ne seraient que des Déserts
sans fin
et ton sein,
au lieu d’être
gravide de sens,
ne serait plus
que lourd d’une masse pierreuse!
Sans l’Âme
tu n’aurais plus
le Verbe pour te pétrir
de ses mains délicates
comme une Déesse
et offrir
à la géographie de tes courbes
la dimension du Cosmos!
Car seule la Femme
a le privilège
de disposer les ressources
de son corps
au gré de la Parole
de son Amant
et de s’en remplir
comme une outre
qui contiendrait la liqueur
d’Immortalité!
L’opulence plastique
de sa Chair
est telle
qu’elle peut aisément
se transmuer en péri de perse
ou en fée de Bretagne!
Elle tourbillonne
dans l’esprit des Sages
comme une nue d’or!
Elle est ce mirage
qui fascine tant les marins
quand ils passent
auprès des côtes de Calabre!
Elle est la Morgana
comprenant dans son corps
frêle et unique
toute la méditation infinie
de Giordano Bruno,
mort sur le bûcher
des Religions
pour avoir imaginé
une éthique
de l’illimité libertinage
des Mondes!
Elle est Marie-Saule
ou Marie-Soleil,
cette femme
que j’ai tant aimé
dans les temps jadis
ainsi qu’un Soleil
du Mai occitan
ou un Saule
de l’Avril provençal!
Non, qu’elle ne se désacralise pas!
Qu’elle ne devienne pas
le passe-temps anecdotique
des hommes du quotidien!
Qu’elle persiste
à substituer au Temps
l’Eternité!
Qu’elle continue
à être le Temple
où le Philosophe
respire à pleins poumons
le parfum de l’Être,
son édénique Essence!
Bien que les homme vulgaires
ne voient en toi
que trivialité et frivolité,
moi je m’obstine,
et c’est là tout mon destin,
je m’obstine, dis-je,
à ne concevoir en toi
que la Beauté de l’Ether,
le signe de l’Adoration
et le symbole
de l’océane Mer!
FLEUVES DE POURPRE
ENCRES VIVES. COLL. LIEUX. OCTOBRE 2000