À une Dame Latine


L’Amour est ton OEuvre,
ô reine de Grenade,
marquise de Séville,
comtesse de Murcie,
duchesse de Medina,
Impératrice de Tolède!


Qui prétend à l’Amour
ne peut que suivre
ton Enseignement,
ô princesse phénicienne
de Cadix,
ô fille du Calife
de Cordoue,
ô dame d’Elche,
ô belle de Valence,
ô violettera de Madrid,
ô gitane de Barcelone,
ô danseuse de Malaya,
ô grande petenera
de Jerez de la Frontera,
ô Sainte d’Avila,
ô Amante de Ségovie,
ô pèlerine de Galice,
ô poétesse de Porto,
ô folle de Lisbonne,
ô baigneuse d’Acapulco!


Comme tu te balances
harmonieusement,
tout entière vêtue de blanc,
ainsi qu’un papillon
de l’été andalou
attiré par la flamme
de la Saint-Jean!


Je t’aime
parce que tu es inconsciente
de la musicalité latine
de ta parole
et de la beauté essentielle,
plongeant ses racines
dans le centre de la Terre,
de la beauté, dis-je,
de la mouvance de ta croupe
lourde de significations multiples
comme un symbole
mûr pour la Vie flamboyante
de Mai!


C’est que
le mouvement de tes fesses
ne développe point
la magie noire
d’une danse saccadée
instantanément fragmentant
la jouissance de l’oeil
de l’Âme
qui réclame
de la magie blanche,
mais possède éminemment
l’opulence nerveuse
de la danse flamenca!


Car je goûte en toi,
tel un roi,
la latinité de ton corps
conjuguée avec la mexicanité
de ton Âme
à la recherche éperdue
de l’Autre!


Et c’est dans cette combinaison
de trais féminins
que se trouve
l’origine de mes hommages
de Poète-Philosophe
de la Latinité!


Et c’est de ce double
Postulat
que naît ma force intellectuelle,
à la fois méditerranéenne
et américaine!


Le chant langoureux
qui émane
de ta chair bouleversante,
m’entraîne
dans un tourbillon de sons
qui multiplie mes cheveux
à l’infini
et m’élève
à une expressivité intégrale
dont à jamais
tu es l’Unique Destinataire!


FLEUVES DE POURPRE

ENCRES VIVES. COLL. LIEUX. OCTOBRE 2000