À la plus Féminine des Aimées
Ô jeune femme
dont les arcades sourcilières
sont supérieures par leur courbe
aux arcades des palais de Byzance,
je voudrais me baigner
dans la fontaine de jade
où flottent les lotus rouges
de tes lèvres!
Car te baiser sur la bouche,
cela équivaut à écouter
une cantate pascale de Bach,
à goûter au miel de thym,
à palper le ventre d’une chatte angora
ou d’une blanche tigresse
et, enfin, à sentir le parfum
d’une rose de Grèce!
En effet, quoi de plus sage,
quoi de plus céleste
que d’échanger des baisers passionnés
avec la femme que l’on aime
plus que le Ciel et la Terre réunis?
Pardonne-moi, ô Bien-Aimée
plus profonde que les entrailles de la Vierge,
oui, pardonne-moi
si, par amour pour toi,
je veux cueillir aussi
la fleur de lune
que l’on trouve quant ta porte obscure
s’ouvre à l’hôte honoré
pour l’accueillir
dans le château de la féminité
où siège la reine des Cieux,
Aphrodite la Paphienne!
Ô belle comme un flocon
de blanc peuplier de Mai,
je voudrais boire la blanche neige de tes seins
dont le goût est suave
et qui apparaît sur ces bourgeons de chair
que sont tes mamelons!
Or, boire à cette neige maternelle,
c’est sentir en son tréfonds
le ruissellement de fleuves prodigieux
comme l’Indus ou le Fleuve Jaune
sur les pics des montagnes tibétaines
ou, mieux, sentir sur son coeur
le ruissellement d’une cascade du Nil!
Ô toute-bonne, ô toute-belle Bien-Aimée,
dont je voudrais voir l’utérus
avec les yeux de mon âme,
puisse ta jeunesse se prolonger
au delà de la limite habituelle!
Oui, puisses-tu connaître encore
beaucoup de mois de Mai,
aussi splendides que le sont aujourd’hui
tes superbes hanches!
LA VOIX DES ROSES
RECUEIL INEDIT DU 5 AU 12 MAI 2007