De l’Amour Chinoise


Depuis ma première enfance
je rêve de m’installer à Hang-Tcheou,
la Quinsay de Marco Polo,
cette cité où le mois de Mai est prodigue
et où, sous la dynastie des Song,
les jeunes Chinois apprenaient l’art d’aimer!


En effet, c’est là-bas que vécut Hsi-Che,
la plus belle femme de Chine,
cette Belle Hélène de l’art poétique
dont l’ombre plane encore
sur le lac qui porte son nom
et dont tout amant chinois
se sent orphelin!


Oui, là-bas on baigne
dans l’or auroral et crépusculaire
dont est faite l’auréole
des Saints et des Saintes,
rien qu’en serrant dans ses bras
une femme toute nue
qui offre son âme à vous
et qui demeure devant vous
dans le but insigne de se faire caresser
et de se faire aimer par vous,
tout en vous caressant et en vous aimant
avec l’énergie qui lui appartient en propre!


Quoi de plus savant,
quoi de plus méditatif
que de rester immobile
pendant des heures
dans le lit du plaisir,
couché côte à côte avec sa Bien-Aimée
que l’on pare de tous les bijoux
et de tous les noms courtois
et que l’on rend l’égale
du poète le plus profond
ou le plus raffiné,
ainsi que du sage
le plus serein?


Oui, c’est en compagnie d’une jeune Chinoise
que l’on apprend la sérénité
et la modération,
loin des excès hindous,
loin des exagérations persanes
et tout aussi loin de la rhétorique arabe!


Puissiez-vous, ô sages de l’univers,
prendre par la taille
selon la posture du blanc tigre bondissant
une jeune beauté de Chine,
plus légère que le coton ou q’un flocon
de blanc peuplier ou qu’une nue d’été
et plus douce que l’azur de Mai!


Or, ce n’est qu’à cette condition
que vous escaladerez la montagne magique
de la Pensée
et que vous parviendrez
au château de la communion
des âmes et des corps
où réside l’amour du monde,
ultime métamorphose des rossignols
et des roses!


LA VOIX DES ROSES

RECUEIL INEDIT DU 5 AU 12 MAI 2007