À la Comtesse du Pavillon d’Amour


Baigné d’amoureuse allégresse,
j’erre à la poursuite du zéphyr
dont le souffle passe
sur les champs de lavande
et fait se balancer rythmiquement
les branches flexibles
du saule de ta hanche de ballerine!


Ce souffle évoque le Pavillon Vendôme
où tes amants sont tes hôtes
et qui est ton séjour,
ô dame adorée,
idole embaumée devant laquelle
je me prosterne
et que j’appelle de mes soupirs!


Ah! Je voudrais mourir d’amour
pour toi,
après avoir obtenu
l’objet de mon désir si brûlant
que j’en perds le sommeil
ou je m’éveille en sursaut
pendant la nuit,
pensant à ton corps soyeux
et plus délicieux à contempler
que des monts élevés,
couverts de neige
et dont les cimes voilent les nues
et dominent les aigles royaux,
les faucons envolés
des poings des princesses chasseresses
et les milans guerriers
dont le vol est souverain
comme le vol de ta chevelure
flottant au mois de Mai
dans le vent du Nord
chargé de ton arôme
plus envoûtant
que le crépuscule le plus doré!


Or, je suis moi-même
à l’image d’une bougie:
je me brûle moi-même
afin que les amantes et les amants
de par le monde
bénéficient des bienfaits de ma lumière
et je me tourmente sans cesse
afin que les amoureuses et les amoureux
puissent être éclairés
sur leur chemin
semé d’embûches
et où plus d’un a perdu la vie
en souffrant le martyre!


Mais si je me brûle comme la cire,
c’est surtout, ô douce de mon coeur,
oui, c’est pour que ton âme
illuminée par ma flamme,
me voie devant elle
à la nuit tombante
et, à son tour, m’embrase
comme un flambeau pascal
enflamme un autre
sur le point de s’éteindre
sous le souffle violent du mistral
preneur au lasso
de blanches cavales de Camargue,
de platanes aixois
et de mas provençaux!


LES PAPILLONS DU SOLEIL

RECUEIL INEDIT. DU 13 AU 20 MAI 2007