La Hanche


Ta hanche est la voile étarquée
d’une jangada du Récif
saluant l’azur
de sa toile tendue!


Son intérieur
est la bourre du coussin
où je repose ma tête
du Labeur solaire!


Mais sa chair
est rafraîchissante comme la jabose
du Brésil
et goûteuse comme l’abricot
des vergers d’Iran!


Sa sphère
est une coupe d’Astre
réussie par un géomètre
aidé d’un gravimètre
qui mesure sa Pesanteur
en termes spirituels!


Sa beauté
est la beauté d’une Rose sculpturale
et d’une Nue architecturale!
Car sa raison d’être
est la même qui poussa Praxitèle
à sculpter la Vénus
du Temple de Cnide
et les architectes de Notre-Dame
à édifier le chevet
de la Cathédrale de Paris!


Maître d’Aix
par la naissance,
je voudrais rêver ta hanche
à la clarté des étoiles
comme Cézanne rêva les baigneuses
à la lueur de la Provence matinale
et Vincent les champs d’or d’Arles
sous le soleil terrible
de midi!


Docteur de la Renaissance
par mon carillon de joie,
je voudrais célébrer cette partie noble
de ton Corps incendiaire
comme Botticelli célébra
les visages de feu
des Dames Toscanes!


Peintre d’Espagne
s’il en est,
je voudrais la peindre
comme Goya peignit
la Maja Desnuda
avec l’ivresse libertine,
et pourtant rationnelle,
d’un Philosophe de l’Amour!


Je voudrais être
l’Aurige conduisant un char d’argent
tiré par toi,
ô Cavale de Cythère,
dans l’hippodrome de Constantinople
sous Justinien le Législateur Conquérant
des peuples,
et son âme,
Théodora, la Courtisane Pacificatrice!


Car je suis moi-même
un homme de Paix
qui enseigne la Révolution
par la Volupté de l’Être,
par la Paix négatrice
de la laborieuse
et guerroyeuse Immobilité!


ALGUES ROUGES

EDITIONS ASSOCIATIVES CLAPAS. AOUT 2001