À la Dauphine


Ô ma Dauphine de France,
ô dauphinelle
de mes côtes atlantiques!


Je n’ai de cesse
que je ne chante le delphinarium
où tu es recluse
par la volonté de l’Incube
qui a pris ta virginité
et où tu regrettes
les vastes horizons marins,
l’étendue inentravée
de la plaine liquide!


Pourtant, dans cette retraite califale,
tu te livres au stupre des bonds dansés
et des évolutions lentes
et musicales!
Rejetant en une calme fascination
de tous les Sens
les Sept Voiles
du Ciel islamique,
tu obtiens le suffrage
de ton Sultan
extatique devant ta coranique
Révélation!


Et tu obtiens aussi de lui
qu’il fasse venir
toutes les prêtresses du Bénin,
afin qu’elles te rassérènent
et t’allègent du souci
de la Liberté,
en t’apportant,
ne serait-ce qu’une goutte
d’Eternité!


Puissent-elles
par la démonologie,
qui est leur Science principale,
te délivrer du fardeau
de la prison sultanale!


Je souhaite que tu veuilles bien
échanger la vie de Courtisane-Reine
contre la vie gyrovague
qui te permettra de joindre ta voix
à mes chants amoureux
à qui tu donneras l’Immortalité
par la riche évocation
de ton Humanité!


Car, vous autres Dauphines,
vous ne vous rendez
qu’à l’argument
d’humaine Beauté!


C’est que je suis
le Lyrique qui compose
loin de toutes les Cours,
les seldjoukides, les persanes,
les siciliennes, les andalouses,
les provençales!


Et de ce fait,
je suis Delphinologue Emérite
et puis pénétrer ton Âme
par l’étude de ton Corps
dont je suis l’Evêque Suffragant!


Car je suis ton complice
sur le chemin où nous nous engageons
tous les deux,
ton Défenseur devant le Sacré Collège
et ton Apologiste final
devant le Tribunal de Dieu
dont je sais que tu es
la plus fidèle
des Servantes,
ô Noble Marsouine,
ô Sublime Dauphine!


ALGUES ROUGES

EDITIONS ASSOCIATIVES CLAPAS. AOUT 2001