Art Sacré et Art d’Aimer
Sous l’azur de ton ciel de Mai,
je m’étire voluptueusement
comme un tigre du Vietnam
ou comme la mer étale de l’été!
Mais il suffit qu’une tempête survienne
pour que mes eaux
se mêlent aux nues d’orage
de ton firmament
et pour que tout en soit bouleversé,
que ce qui était bas
devienne haut
et que ce qui était haut
devienne bas!
Car, à la fusion des corps
qui, tout au moins à ses commencements
ressemble à un bouleversement de l’être,
oui, à la fusion des corps
succède l’union des âmes
qui, par une sorte d’ouragan,
mène à l’extase,
c’est-à-dire à la sortie de soi,
vers l’intégration dans l’illimité
et dans l’infini!
Voilà pourquoi,
dans certaines conditions idéales,
l’amour purement humaine
et l’amour mystique,
quoique parties, chacune d’entre elles,
de présupposés tout à fait opposés,
convergent
en aboutissant au même paysage intérieur
et, souvent, au même degré d’élévation
et au même éblouissement!
Certes, ne pas distinguer
l’érotisme sacré d’une Thérèse d’Avila
de la pure amour des sens,
cela peut heurter un esprit
superficiellement chrétien,
c’est-à-dire dogmatique!
Or, j’affirme que même un chrétien,
pourvu qu’il soit de culture
hellénique et latine,
voire hindoue et universelle,
sait que la divinité,
que celle-ci soit un Dieu ou une Déesse,
voire le Tao,
n’est pas étrangère à l’amour sensuelle
et en constitue même
le suprême couronnement!
Sache, ô paisible lecteur,
si souvent trompé dans tes espérances,
sache que toute Erotique
confine à une Mystique!
Il est, donc, vain d’opposer
l’art sacré, voire métaphysique,
à l’art d’aimer,
que celui-ci soit taoïste
ou tantrique!
AU VERGER DU DESIR
RECUEIL INEDIT. DU 21 AU 28 MAI 2007