Ode à Théophané


Ô toi qui te couches
sous mes ailes mystiques
comme Léda se couchait
sous les ailes de Zeus
métamorphosé en cygne,
ô toi qui t’allonges
sous mes reins amoureux,
comme Théophané transformée en brebis
s’allongeait sous les cornes de Poséidon
transfiguré en bélier,
sois à jamais ma douce amie
et ma compagne de jeux érotiques,
afin que nous nous élancions
tous les deux
vers l’azur infini,
fiers d’avoir fait notre devoir
en atteignant le but
propre à tout homme et à toute femme
et qui consiste à composer à deux
l’hymne à la vie
et à la joie qui en est le corollaire!


Ô ma très voluptueuse camarade,
c’est à peine si mes prunelles
se rassasient de te regarder
quand tu te dénudes dans ton alcôve
qui donne sur la grande peupleraie de Céphisie!


Oui, je me sens comme un aigle
qui aurait attrapé une hase
et l’aurait emportée
de ses serres crochues
vers son nid d’oiseau royal!


De grâce, ne retarde trop
le moment de ton don,
car on risque tous les deux
de se faire dépasser dans notre course
sur le chemin de la perfection
par le Temps
qui, lui, veille au grain
et ne souffre aucune pause!


Et que ta jouissance soit
contemporaine de la mienne,
ô ma Théophané,
car de toi naîtra
le bélier Chrysomallos,
c’est-à-dire à la toison d’or!


AU VERGER DU DESIR

RECUEIL INEDIT. DU 21 AU 28 MAI 2007