À la plus Belle des Reines


Ô merveilleuse génisse
qui pais dans la grasse Epire,
ô toi qui, par ton divin bassin,
me combles d’aise
en pourvoyant à la satisfaction
du moindre de mes désirs
et en faisant réaliser
tous mes voeux d’amoureux,
sois bénie!


Depuis le jour ineffablement beau
où tu as livré passage à mon phallos,
à travers ton pelvis
jonché de feuilles de myrte,
vers ta vulve d’or et de rubis,
je ne fais que me réjouir,
que m’ébaudir,
ô oiselle de bon augure,
ô fauvette aimée des dieux,
ô toi qui me rends un homme heureux
dont la tête touche les astres
et dont les pieds font fleurir
la terre!


Or, j’ai traversé
les mers, les fleuves, les lacs,
les étangs, les marais, les lagunes,
les flammes, les glaives,
les doubles haches, les lances,
les javelots, les flèches,
les phalanges, les légions,
les troupeaux de taureaux
ou d’éléphants,
rien que dans l’espoir
de connaître la félicité
qui consistait à toucher,
oui, à palper, à caresser,
à écouter ta chair sonore,
musicale même,
et dont la plasticité étonnante
a émerveillé plus d’un artiste
et enivré plus d’un savant!


Oui, je me suis mis
au ban de l’humanité,
rien que pour avoir la liberté
de jouir de tes seins, de ta croupe
et de ton âme de déesse
ou d’héroïne!


J’ai livré pour toi
les dieux de ma patrie
et jusqu’à sa citadelle
et mes pénates même à leurs ennemis!


Oui, j’ai fait comme cette Scylla
qui a trahi son pays pour Minos,
le plus beau des Roys!
N’es-tu pas, toi-même,
la plus belle des Reines?


Cependant, je pense que mes Mânes
me pardonnent ma désinvolture
à l’égard de tout ce qu’ils tenaient
pour inviolable et sacré,
en considérant l’importance,
la hauteur, l’altitude de la cible
à atteindre
de mes flèches
à pointe d’acier!


AU VERGER DU DESIR

RECUEIL INEDIT. DU 21 AU 28 MAI 2007