À la Dulcissime Maîtresse


Ô toi dont la douceur passe
la douceur de la jujube, de la figue
et de la datte,
tu es ma maîtresse à incuber buccalement,
tel un squale, ses oeufs,
mes poèmes d’amour,
plus transparents qu’un miroir de Florence
dont on ne pourrait se séparer,
quand même on aurait inventé un miroir
digne de figurer dans la galerie des glaces
du palais de Versailles
ou du château de Louis de Bavière!


Ta hanche musclée et féline est
un rubis de belle eau
où tu aimes mirer ton âme de blanche lionne,
ton coeur écarlate de rossignol d’Iran
et ton esprit d’aigle royal,
surpris dans son élan fougueux
vers le soleil de Crète,
au-dessus du Dicté
que les Crétois modernes appellent Lassithi
et qui est le berceau de Zeus,
la montagne où une chèvre du nom d’Amalthée
donna le sein au dieu nouveau-né!


N’aie pas peur pour autant,
tu ne connaîtras point le malheur
qui fut celui de Lotis,
cette nymphe qui, fuyant devant Priape,
en vint se métamorphoser en lotus!


Rassure-toi, ô fille calme comme l’espérance!
Je suis plus proche
d’Apollon le Citharède
que d’un Priape déchaîné!


Car, si mon instinct infaillible
m’attire vers les femmes
dans la fleur de l’âge,
il obéit toujours à mon coeur
et à ma raison
et il est retenu dans ses élans
par le caractère pacifique de mon amour
de prince heureux!


AU VERGER DU DESIR

RECUEIL INEDIT. DU 21 AU 28 MAI 2007