La Troubadouresse


Ton être est un Soleil d’Arles
dont ta jupe blanche
est l’Empire!
Le Rêve de ton cerveau
est tissé de la substance
de l’Azur aixois!


Ton nez est le pont Saint-Bénézet
reliant entre elles
les rives du Rhône de tes yeux,
dans l’Avignon de ton Âme
dont ton Coeur
est le Palais des Papes
se mirant dans ce fleuve rose
célèbre depuis les Gaulois,
les Ligures, les Grecs et les Romains!


Ton front est Nice,
la Ville Ouverte
ne disposant d’autres fortifications
que de l’Infini!


Tes tempes sont cependant
la fière muraille de Tarascon
protégeant ton Elévation
de Dame savante!


Ton oreille
est un muguet de San-Remo!


Ta joue
est une église romane
des Saintes-Maries-de-la-Mer!


Ta bouche est Vintimille
par où on pénètre
dans la Provence de la douce
Laure!


Ta salive
perlant sur les îles toutes blanches
de tes dents
est un vin de Châteauneuf-du-Pape!


Ta langue
est une Barcelone
comtale et troubadouresque
que meut la Cour d’Amour
présidée par les comtesses provençales!


Ta face éclatante de beauté
est dans sa totalité
le Vaucluse de Pétrarque!
Mais ton menton
est le cap d’Antibes!


Ton cou
est une cavale à la robe immaculée
que monte Sainte Claire d’Assise
et qui émerge des eaux
du Vieux-Port de Marseille!


Tes cheveux
sont les platanes immenses
sous lesquels les hommes
de Salon-de-Provence
devisent sur la place principale!


Et dans ton léger dévergondage
de fille amoureuse,
tu laisses apparaître un soupçon
de tes seins,
pareils aux petits nuages blancs
qui, certains jours d’été,
naviguent dans le Ciel d’Occitanie
comme en un Ciel hindou!


Ta hanche, enfin, rappelle
la Lou de Guillaume Apollinaire,
ce fils de Nice «la Marine»,
la Multiple parfumée!


C’est que ta Suavité
est le Bien-Être
de la Gaule latine
que célébra Sidoine Apollinaire
en des temps de clémence!


TROMPETTES ANGELIQUES

EDITIONS ASSOCIATIVES CLAPAS. AOUT 2001