La Bergère de la Vérité


Ton sourire
est une cataracte sud-américaine,
une brise du Liban,
une source du Désert,
une rivière du Bengale,
une île du Gange,
un pur-sang arabe,
une hirondelle de Corse,
un chevreau des Pouilles,
une taure d’Estrémadure,
une rascasse des eaux de Provence,
une cigogne de Lorraine,
un pâturage de Sardaigne,
une falaise de Santorin,
un paquebot
ancré dans le firmament de Marseille,
une maison de Minorque,
une rue du quartier maure de Lisbonne,
une demeure patricienne de Pézenas,
un Septembre d’Aix,
un Août d’Alentejo,
un moulin de Malaga,
un moucharabieh du Yémen,
un bijou de Pforzheim,
une boîte à musique
sur le Pont des Arts,
une chanson parisienne,
un carillon de Saint Germain
l’Auxerrois,
une aubade de Sorrente,
une trompette angélique,
une rose de Rhodope,
un verger de Cavaillon,
la jubilation des bouches du Tage,
la verte enseigne andalouse
déployée par les maîtres de la Volupté,
la Tétraktys
de la Cathédrale de Barcelone,
l’azur d’Alger,
la plaine de Mitidja
porteuse d’oranges,
le Pont du Carrousel
d’où l’on voit la France,
la blonde Toscane de Botticelli,
Mona Lisa,
pure aux yeux de velours,
Laure de Noves,
l’Avril de Pétrarque,
la Cime de l’Esterel,
la Barque de la Lune,
le sucre que prodigue Schéhérazade
au Chah du Temps,
le Livre de Ruth!


Tu es ma Ville Ronde,
ma Bagdad non fortifiée
qu’aucun Genghis Khan,
qu’aucun Tamerlan
ne menace de son insipide cruauté!


Et tu te couches
de toute ta croupe large,
de tous tes reins d’éclairs,
dans les champs de Babylonie,
près de l’Euphrate,
non loin du Tigre!


Je m’empresse de boire
la coupe que pour moi tu as remplie,
afin de rendre un vivant hommage
à l’intelligence, à la subtilité
et à l’hospitalité de tes mains
avant que le jour
ne nous sépare!


Car nous sommes Amants clandestins
comme la Grande Ourse
ou la lumière de Vénus!


Jusqu’au matin nous tenons conseil
à la lueur des bougies
de l’Amour,
ô Instigatrice de mes OEuvres
procédant directement
de ta Beauté,
ô Pacificatrice de mon esprit,
ô Ouvrière de ma Rébellion,
de ma Lutte sourde
contre les usurpateurs
du Trône de ce monde!


Quand tu marches,
c’est que la Majesté du Ciel
tire un savant plaisir
de la Tendresse de zébresse
de la Terre!


Car tu es la Bergère
conduisant le grand troupeau
de ma Sagesse
à la Vérité,
l’Unique Bercail!


TROMPETTES ANGELIQUES

EDITIONS ASSOCIATIVES CLAPAS. AOUT 2001