La Harpe d’Elfe
Ton corps, pareil à une guitare de sylphide
ou à une harpe d’elfe,
est composé de perles
comme une amandaie en fleur,
comme un nuage de roses suaves,
comme une rivière onctueuse
de lait,
comme une grande cotonneraie
du Sud,
comme une constellation de fruits,
comme un essaim de Lunes!
Il est en vérité
une musique vitale
produite par les bouches de stalactites,
un épanchement de palmes,
un délire de jasmins,
une violence de myrtes,
un roulis de lauriers,
un cri de glaïeuls,
un balancement de tubéreuses,
une ondulation de lys,
une volute de rossignols,
une allégresse de safrans,
un tambour d’oeillets d’or
et de pourpre,
une volupté d’abeille,
un plaisir d’acanthe,
une atmosphère d’encens,
une exaltation de myrrhe,
une danse de miel,
une fermentation de vin de Madère,
un murmure savoureux
d’oliveraie,
une élégance de roseau,
une sève d’orangeraie,
une avenue mélodieuse,
une conversation d’ivoires,
un trafic de nacres,
une puissance de taure
au sein vénusiaque,
un élan de daim,
un vol de cygnes,
un bond de gazelle,
un pas d’agnelle,
une large croupe
de blanche jument,
une évolution tigresque,
une richesse de chair
virginale et léopardine,
une Andromède
jouant au clavecin
avec ses cheveux!
Quand tu t’allonges,
les doigts de tes pieds
sont les vagues de la mer
qui me baigne,
et tes hanches
un lac tendu
vers la Perfection!
Tu deviens alors
l’aurore qui point à l’horizon,
le crépuscule qui dominera
le Ciel,
l’irrésistible torrent de montagne
au rire franc,
la courbe de l’Océan,
la poitrine de la déesse
respirant avec une force terrible,
le sourire de la Fortune!
Car tu es le désir du prince,
la fougue du roi,
le silence de l’empereur!
Tu es une force
doublée d’une caresse,
un appel
induisant l’harmonie
des sidéraux espaces!
PLAISIR D'ACANTHEL
EDITIONS ASSOCIATIVES CLAPAS. JUILLET 1999