Ode à Aspasie de Milet

Ô noble Aspasie,
toi la métèque, toi l'Ionienne d'Asie,
à une époque où la femme
ne pouvait être que mère d'enfants légitimes
ou prostituée,
tu réussis l'exploit exemplaire
d'être à la fois
une dame attrayante physiquement,
bien parée et élégamment vêtue
et une femme libre moralement,
intelligente supérieurement
et courtoise généreusement!


Et tu fus l'unique,
la grande amour de Périclès,
le plus glorieux homme d'Etat
que s'est jamais offert
la république d'Athènes
et en qui les conservateurs
de cette auguste cité,
en esprits malveillants et mesquins,
voyaient un dictateur
et un ami des Perses,
le destin des hommes supérieurs
étant d'être des traîtres et des félons,
comme celui des grands artistes
comme Phidias,
est d'être des entremetteurs
aux yeux des fanatiques
de tout crin!


Ô Aspasie,
tu fus pour cette raison même
tournée en ridicule
par les auteurs de comédies,
haïe par la masse
et calomniée par les éternels
ennemis du plaisir,
ces fauteurs de troubles!


À l'heure où de par l'Occident entier
triomphe la doctrine de volupté
d'Aristippe de Cyrène,
souvenez-vous, mes contemporains,
souvenez-vous d'Aspasie
qui, de par son nom
et par son action,
fut une dame de haute amour!


Ô hommes modernes,
arriverez-vous jamais
à vaincre la vilenie
inhérente à l'humaine nature?


Le doute est permis
et, avec le doute, l'incertitude
quant au futur de l'Oecumène,
peut-être sombre,
à moins qu'il ne soit lumineux
à votre image,
ô Olympienne Aspasie
et toi, Olympien Périclès!


Ô radieuse Aspasie,
tu seras toujours
l'étoile resplendissante
qui éclairera la route
des navigateurs ardents
qui disent oui à la beauté,
et oui à la vie!

LES ROSES DE LA CONCUPISCENCE

RECUEIL INEDIT. SEPTEMBRE 2005